Redeem est un groupe suisse qui a connu un succès d'estime dans son pays dès la sortie de son premier album "Eleven" en 2006. En 2011 sort l’album "999" qui permet au trio de faire des premières parties de noms bien installés tels que 3 Doors Down, Magnum ou Gotthard. Le troisième album des Helvètes, "Awake", est l'occasion de faire un peu plus connaissance avec le groupe.

Le rock alternatif est un genre très porteur qui subit comme d'autres styles une forte offre, avec comme conséquence constatée de tirer la qualité moyenne vers le bas. Bien que la quantité de formations s'engouffrant dans cette niche très calibrée soit importante, le renouvellement s'opère très régulièrement et permet à d'excellents groupes, sachant peaufiner subtilement leurs idées mélodiques, de tirer leur épingle du jeu. Une seule écoute est quasiment suffisante pour se convaincre que Redeem n'est pas de ces formations qui ont le potentiel pour faire la différence. Les Suisses pratiquent un pop-rock alternatif des plus consensuels, pour ne pas dire commercialement orienté, qui peine à convaincre et échoue à enthousiasmer l'écoute.

Les douze titres de "Awake" développent un même thème qui voit se succéder autant de refrains mille fois entendus d'une faible inventivité et de formats alternant le rock et le mid-tempo. Pour pallier l’indigence de son propos, Redeem, dont les références ciblées vont de 30 Seconds To Mars à Muse, tente des choix qui ajoutent l’agacement à l’ennui comme la soupe électro qui donne toute sa fadeur à 'Insanity' ou les effets de voix irritants de 'Guilty'. Dans cette valse de morceaux interchangeables, les rares tentatives pour apporter un peu de densité et de variété sont sans intérêt. On citera le solo de Stefano Paolucci dans la chanson 'Alter Ego' abordée dans une modalité harmonique néo-classique hors de propos et le titre 'La Luna' chanté dans l'italien natal des musiciens qui donne un côté décalé. Pour sauver les apparences, seuls le mid-tempo 'Borderline', dont le refrain apparaît plus travaillé, et 'The Riddle', qui ose sortir des sentiers battus, relèvent ponctuellement le faible niveau général de "Awake".

Dès les premiers morceaux de "Awake", le constat d’échec s’impose pour ne jamais être contredit. Dans le même créneau que Redeem existent des groupes qui, avec les mêmes ingrédients, produisent une musique bien mieux écrite et finie. Avec son rock sans aspérité ni profondeur qui recycle des idées mélodiques très sommaires, il est difficile de recommander l’écoute de "Awake", un disque qui ne fera pas date dans les sorties de pop-rock alternatif de 2016.