Leon Alvarado est un compositeur multi-instrumentiste qui a collaboré avec de grands noms du rock progressif tels que Bill Bruford, Rick Wakeman, Trey Gunn, Billy Sherwood. Admirateur notamment de Genesis, il a sorti un album de reprises et de relectures nommé "Plays Genesis And Other Original Stuff" en 2008 puis un EP "Strangers In Strange Places" un peu plus personnel.
"The Future Left Behind" est un concept album basé sur une nouvelle de science-fiction au scénario conventionnel, écrite par Leon Alvarado : la Terre vit ses derniers jours en raison d'un désastre écologique forçant les humains à la quitter pour fonder des colonies dans l'espace et sur diverses planètes ou autres satellites. Ainsi l'histoire est propice à retranscrire différents sentiments tels que la nostalgie, la tristesse, l'espoir, la solitude...
Pour arriver à ses fins, Leon Alvarado s'est inspiré du "Journey To The Centre Of The Earth" de Rick Wakeman, projet puisant lui-même sa source du livre de Jules Verne, influence à laquelle s'ajoute la musique de Vangelis et de Yes tout en s'entourant d'une partie des illustres musiciens précités dont l'auteur de "Journey".
Les synthétiseurs sont donc au cœur de cette bande originale. L'auditeur sera bercé au gré des sonorités classiques qui feront le bonheur de l'amateur de ce style vintage. En revanche, ceux qui recherchent la modernité ou l'originalité devront passer leur chemin. La plupart des titres sont d'une durée moyenne de six minutes entrecoupées chacune de quelques secondes de narration permettant de suivre le fil de l'histoire. 'Préface', qui pose les jalons de l'aventure et expliquera les causes de cet exode est suivi par 'The Lauch Overture' enluminé par un très beau solo de moog dont Rick Wakeman a le secret. L'auditeur poursuivra le voyage avec 'Journey To The Space' plutôt enlevé, illustrant ainsi l'excitation des terriens à la vue du cosmos, sous les arpèges de claviers spatiaux repris sur 'The Ones Left Behind' alternant avec la mélancolie de 'Among The Stars' ou de 'Our Quiet Orbit', plus symphonique.
Le pari est osé de proposer un disque quasiment instrumental où la difficulté est de composer des mélodies solides pour capter et maintenir l'intérêt. Ce risque est en partie maîtrisé par quelques interventions judicieuses notamment sur 'To Be Loved' avec sa guitare classique qui rappelle les travaux de Steve Hackett, apportant une respiration organique à l'album ou bien avec les chœurs (bien que synthétiques) de 'The Star Seekers'.
L'exécution est impressionnante de maîtrise et, à l'écoute de cet album, on ressent tout le respect du compositeur à l'égard de ses illustres aînés. Malgré tout, aucun titre ne contient de thème très fort permettant d'émerger d'un ensemble baigné dans une trop grande homogénéité. L'autre note négative sera pour la partie rythmique où la batterie apparaît un peu trop métronomique et quelque peu synthétique.
Au final, "The Future Left Behind" est un album hors du temps, travaillé, intéressant malgré ses quelques défauts. Il pourra constituer une sorte de madeleine de Proust pour les passionnés d'une musique aux embruns d'un rock progressif ancien et traditionnel, avec beaucoup de déférence pour ses précurseurs et ascendants.