Cancel The Apocalypse est un projet parallèle, né des velléités d'indépendance de membres de Psykup (Matthieu Miegeville), Shake Us et Meredith Huner. Ces métalleux issus de la scène extrême ont eu l'idée à la fois simple et avant-gardiste de convoler en justes noces avec des musiciens issus d'écoles classiques. C'est ainsi qu'un guitariste classique et une violoncelliste viennent grossir les rangs de ce projet peu convenu.
"Our Own Democracy" est une galette surprenante qui, mariant des bases classiques à une musique matinée de puissance, fait penser à Elend, qui en son temps avait aussi essayé de démolir les barrières entre les genres et pratiqué des croisements, réconciliant alors des formes parfois jugées antinomiques. Ses partitions étranges sont habillées de la sensualité veloutée des cordes de nylon d'une guitare acoustique. Mais malgré cette apparente douceur de surface induite par le violoncelle charmant et la guitare affectueuse, la rage s'invite sans cesse et persiste, portée par le chant de Matthieu au style diamétralement opposé. Dès lors, cette rondelle livre un duel constant avec les musiciens classiques pour ériger au rang de pépite les étapes de ce chemin étroit et escarpé...
Tout est inhabituel dans cet opus moite comme les forêts automnales. Dès les premières notes de guitare classique ('Athens'), nous sentons le vent chaud du changement souffler sur nos nuques : celle-ci tisse une toile rythmique et impose des schémas circulaires qui se substituent aux riffs lourds auxquels nous sommes habitués, puis les percussions presque primales élaborent un mince canevas rythmique, alors que la voix éructe des paroles baignées d'interrogations politiques ou sociales.
Cet habillage dépouillé mais gorgé de richesses prouve que l'on peut faire du metal sans fioriture, sans les atours des guitares épaisses, comme 'Cancel The Apocalypse' qui sous des airs faussement tranquilles est metal jusqu'au bout des ongles, grâce aux traits éjaculatoires d'un violoncelle mystérieux, sombre et troublant. Au cœur de sonorités suaves, la mélodie est toujours omniprésente, puis même exhaussée par un habillage aussi humain que hargneux ('The Things That Can Never Be Done' ou 'Candelight'). La rondelle révèle aussi des musiciens qui jouissent d'une liberté de ton et de forme que des masses laborieuses pourraient leur envier ('A Bunch of Roses With Thorns').
Avec ce rejeton protéiforme, bizarroïde et à la croisée des cheminements stylistiques, quelques rageux
prouvent qu'ils savent s'affranchir des genres et des barrières... et que tous les chemins musicaux qu'ils empruntent conduisent à une seule et unique
expression artistique.