Entamée en 1991 avec "Soul Deep", la série des albums consacrés par Jimmy Barnes aux classiques de la soul et du R&B a régulièrement été l'occasion de gros succès pour le chanteur australien. "Soul Searchin' " est ainsi le quatrième opus de cette collection ayant cette fois pour but de faire découvrir quelques pépites inconnues ou oubliées. La recherche de ces titres a d'ailleurs été l'occasion d'un documentaire d'une heure diffusé sur Nine Network en mai. Belle promotion pour un artiste qui a déjà le statut d'idole incontournable en Océanie. Il faut dire qu'avec une grosse dizaine d'albums classés numéro un dans son pays, il se fait l'égal d'artistes tels que U2 ou Madonna.
Pour ceux qui suivent la carrière de chanteur, également frontman de Cold Chisel, pour ceux qui le découvriraient, ce nouvel album ne sera pas une révélation. Par contre, il sera une belle confirmation du talent de cet interprète hors du commun avec cette voix puissante et éraillée inimitable, sauf peut-être par Lex Kotitni (Koritni). La principale découverte viendra de titres que la légende aussie est allé chercher directement dans le sud de l'Amérique afin de leur permettre d'obtenir une seconde chance de briller. Et le fait est que la plupart d'entre eux vont très probablement profiter de l'éclairage offert par l'interprétation majestueuse d'un Jimmy Barnes qui semble chanter de mieux en mieux malgré le temps qui passe. Capable de hurlements dignes de son idole Wilson Pickett ('She's Looking Good'), de rugissements traduisant une émotion intense ('If Loving You Is A Crime (I'll Always Be Guilty)'), voire de prestations habitées et déchirantes ('Bad Girl'), le chanteur sait également se faire félin ('The Dark End Of The Street') et faire preuve d'un feeling impressionnant et maîtrisé ('Rainbow Road').
Mais au-delà de la performance encore une fois impeccable de l'interprète, se cachent également quelques histoires qui méritent d'être contées, comme celles liées à Dan Penn qui partage le chant avec Jimmy Barnes sur un titre de sa composition ('Dark End Of The Street'). En effet, alors qu'ils étaient en studio avec le chanteur de 75 ans, Barnes, le producteur Kevin Shirley, et son ami Pierre Baroni, découvrent qu'il est également l'auteur de deux autres titres de l'album : la superbe ballade soul 'I Worship The Ground You Walk On' sur laquelle Steve Crooper vient placer un délicieux solo, et la non moins magnifique 'Rainbow Road' dotée d'un splendide solo de saxophone. Ce titre, composé avec un certain Arthur Alexander, qui en fut également l'interprète original, aurait d'ailleurs dû devenir un tube si ce dernier avait eu accès à une meilleure promotion.
Il est également à noter la présence de The Memphis Boys sur plusieurs titres (4 plus exactement si vous faites l'acquisition d'une édition deluxe indispensable pour tout amateur). Lorsque l'on sait que ce groupe est celui des musiciens qui avaient l'habitude d'accompagner Elvis Presley, il ne semble pas nécessaire d'en rajouter.
Si la version d'origine comporte 12 titres, il serait donc dommage de passer à côté des sept morceaux supplémentaires proposés sur la version deluxe. Tous ne sont pas inconnus et Jimmy Barnes s'est fait plaisir en incluant quelques pièces qu'il n'avait pas pu placer sur les précédents opus ('Mercy Mercy') ou dont certaines reprises par d'autres artistes avaient déjà fait la réputation ('She's Looking Good', 'Cry To Me', 'It's How You Make It Good'…). Chaque titre pourrait faire l'objet d'un paragraphe tant il y a de choses à dire sur leur histoire et leur superbe interprétation. Une fois de plus, Jimmy Barnes prouve l'immensité de son talent qui ne se limite pas à une voix unique. Capable de transmettre une palette d'émotions époustouflante et faisant preuve d'une ouverture musicale rare, l'artiste réussit une fois de plus à dépoussiérer de vieux titres et à leur donner une nouvelle jeunesse sans pour autant les dénaturer. Chapeau l'artiste !