C'est en 2010 qu'est sorti le dernier album de Giant intitulé "Promised Land". À l'époque, Dann Huff n'étant pas suffisamment disponible, il avait dû être remplacé par deux musiciens : Terry Brock (Strangeways) au chant, et John Roth (Winger) à la guitare. Si cet opus avait été un peu décevant dans le sens où il s'éloignait un peu trop de l'identité du groupe, la performance de ces artistes était restée sans faille. Six ans plus tard, les deux hommes ont finalement décidé de retenter l'aventure ensemble au sein d'un projet portant leurs noms. Compte tenu du pedigree et du talent des deux bonshommes, tous les amateurs de hard rock mélodique se lèchent déjà les babines dans l'attente de l'écoute de leur premier opus proposé sur le label Frontiers.
Et autant les rassurer sans attendre : ils ne seront pas déçus. Roth Brock Project propose une série de onze titres oscillant entre un AOR ne sombrant jamais dans le sirupeux et un hard rock énergique restant toujours mélodique. Premier single tiré de cet album dont il ouvre les hostilités, 'Young Gun' balance un riff efficace et un refrain direct et accrocheur. Le chant de Terry Brock est toujours aussi imparable et rappelle parfois des intonations de Bob Catley. Quant à John Roth, il délivre ici le premier solo d'une série qui enflammera chaque titre. Plus puissant, et flirtant avec le Danger Danger de l'époque "Screw It" (1991), 'What's It To Ya' enfonce le clou alors que 'Young Again' et 'If That's What It Takes' mettent en valeur une face plus AOR de l'album. En dehors de la ballade 'Distant Voices', hyper convenue et déjà entendue mille fois, la suite ne dénote aucune faute de goût, 'Fighter' appuyant même sérieusement sur le champignon pour un résultat cinglant.
C'est cependant cette absence de réelle faille qui fait également la faiblesse principale de cet opus qui, au final, manque cruellement d'originalité. "Roth Brock Project" se révèle un album de hard mélodique US particulièrement bien interprété et respectant parfaitement les codes du genre, au point de n'offrir que peu d'accroches malgré ses nombreux refrains aisément mémorisables. En dehors des soli lumineux de John Roth, tout cela semble avoir déjà été entendu à de multiples reprises et l'on se surprend même parfois à trouver que Terry Brock essaye de masquer ce manque de personnalité en multipliant certaines gimmicks à l'excès. La plupart des cris qu'il rajoute, en particulier en introduction de nombreux titres, auraient aisément pu être évités car n'apportant rien, si ce n'est la désagréable sensation que le vocaliste tente de cacher la pauvreté de certaines compositions.
Nombreux seront ceux qui s'émerveilleront à juste titre devant la qualité générale de l'interprétation et l'efficacité de la plupart des titres. Pourtant au final, peu d'entre eux seront capables d'en retenir quelque chose de réellement original. Cet opus vient donc rallonger la longue liste des projets réunissant des artistes aux qualités incontestables mises au service de compositions sans intérêt particulier. Le plaisir d'écoute est évident mais reste superficiel et si les qualités de base sont indéniables, il y a peu de chance pour que "Roth Brock Project" marque durablement le paysage du hard mélodique. Reste à savoir si ce projet a un avenir et si ses membres seront capables d'y insuffler une personnalité plus affirmée.