Sous le pseudonyme Early Spring Horses, se cache Vincent Stockholm. D'origine suédoise, il s'est installé en France près de Toulouse où il a créé son projet dans lequel le piano constitue l'ossature autour duquel diverses musiques à dominance électronique se rattachent, bâtissant une sorte de flokelectro avec son lot de cordes pincées (harpe) ou frappées. Ici aucun riff de guitare, point de rythme rapide et de grosse caisse claire : "What The Wood Whispers To Itself" possède comme son nom l'indique un rapport viscéral à la Nature et revêt des senteurs sylvestres et boisées.
A la manière de Craig Armstrong, Vincent Stockholm compose des titres à la délicatesse somptueuse et affective qui s'écouteront au casque pour mieux s'imprégner de cette ambiance calme et apaisée. Idée à priori contradictoire que celle de mêler la froideur d'une musique électronique avec le thème du végétal... L'auditeur sera toutefois embarqué dans ce schéma d'apparence improbable, touché par la grâce du piano auquel Vincent Stockholm apporte pour chaque note une belle finesse et une intensité constante. Le rapport à la forêt est présent dans le frémissement du vent dans les feuilles ('The Northern Blot'), un vol d'oiseaux ('Ariel'), dans l'eau ruisselante au son de la Harpe ('The Bark'), ou dans les quelques beats ('Early Spring Horses') qui viennent enraciner l'arbre dans le sol harmonique. Il est inutile ici d'isoler un titre par rapport à un autre dans un ensemble qui se réclame un peu trop homogène, car ce genre de musique se vit comme une ballade champêtre où chaque pas de celui qui s'y projette fait craquer une branche morte.
L'auditeur devra naturellement (sans jeu de mots) être sensible à ce style recherché où il faut s'abandonner et se laisser porter sous peine de n'y trouver qu'un intérêt abstrait. La production colle parfaitement au style où le piano est bien mis en lumière dans l'écrin électronique qui ne prend jamais le pas sur l'organique, afin de patiner l'album d'une part d'humanité exempte de la froideur habituelle qui habille souvent ce genre d'album. La voix de Vincent reste quelque peu détachée des compositions et demeure presque monocorde, comme si elle n'était que l'accessoire de l'ensemble du projet.
Il ne s'agit pas là d'une simple musique ambiante mais de compositions, telles une peinture de Pissarro ou de Monet (Le Chêne, Forêt de Fontainebleau), qui parlent à l'âme, oniriques et éthérées, parfaites pour un monde urbain duquel le lecteur voudra s'échapper.