Ça bourrine sec sur Montpellier ! Avec son premier album, Detoxed nous livre une bonne dose de thrash bien gras et agressif. Jugez donc : leur style oscille entre les premiers Pantera (période Anselmo) et une version rugueuse et grave de Machine Head. Et si ce "Modern Slavery" ne parvient tout de même pas au niveau des albums de ces illustres devanciers, cela est essentiellement dû à l’absence d'une titre très marquant, d'un hit de la trempe d’un 'Davidian' ou d’un 'Walk', bien plus qu'à un défaut de qualité. Car la qualité est bien présente sur cet album et Detoxed peut sans rougir se poser en fils crédible des deux groupes précités. On y retrouve en effet des guitares bien lourdes qui renvoient à l’esprit de Pantera ('State of Mind') et une voix qui bien souvent évolue dans des sonorités proches de celle de Robb Flynn (Machine Head).
Loin de n’être qu’un petit singe savant, Detoxed parvient à s’affranchir du poids de ces influences pour proposer un thrash qui, sans être d’une originalité folle, est d’une efficacité indéniable. Le groupe parvient même à de nombreuses reprises à doter ses compositions de gimmicks et de passages où il sait apposer sa patte personnelle. À l’image du très convaincant 'Human Drift', où l’usage des chœurs et de sonorités de guitares originales apportent une réelle force. Il en va de même lors de toute la seconde partie de 'Fear Of Terror', dans laquelle Detoxed fait preuve d’une impressionnante habileté, tant en matière de gestion des changements d’ambiances, que d’utilisation de ponts musicaux propres à enrichir son propos.
De ce fait, les bons moments sont assez nombreux dans cet album, et en tout cas très clairement majoritaires, comme l’excellent 'Grey City', un morceau porté par une double pédale de folie, des riffs irrésistibles et un chant habité. Parlant du chant, le recours à un chant growl, pourtant parfaitement maîtrisé, peut paraître parfois un peu excessif, à l’image d’un 'The Butchers' qui ne fait pas trop cas de notre sensibilité poétique en nous poussant dans les cordes.
Mais, ce qui pourrait passer pour un petit défaut pour certains n’est pas de taille à atténuer la bonne impression générale qui ressort de l’écoute de ce très bon "Modern Slavery", un album de thrash qui parvient avec bonheur à reprendre les gammes du genre tout en se montrant très puissant et "actuel". Une réelle réussite !