En 2014, les Parisiens de Wolve nous avaient gratifiés d'un excellent "Sleepwalkers" et reviennent seulement deux ans plus tard avec une nouvelle production, forts d'un line-up enfin stable et d'une mini tournée européenne. Oui mais voilà, ce n'est qu'un EP. Dommage, car après leur excellent premier opus, la perspective de se mettre entre les oreilles un album entier était alléchante.
Ce ne sont donc que trois titres et un interlude qui composent ce "Lazare". L'opener éponyme est branché sur courant alternatif entre couplets doux et atmosphériques aux percussions tribales et refrains rageurs. Les arrangements subtils sautent aux oreilles et le plaisir d'écoute est déjà au rendez-vous. Julien Sournac prend son temps pour développer son propos comme sur le break aux percussions chamaniques dont l'effet transcendantal laisse place à un final hypnotique que sa guitare saturée rend magique.
Sur le même type de construction, 'Far' nous montre toute l'étendue du talent du combo dont chaque membre se fond dans un ensemble étonnant de maîtrise et de cohérence. La patte Wolve est incarnée par la voix très expressive de Julien Sournac, tantôt brutale, tantôt plaintive mais délivrant un flot d'émotions perceptible sur chaque note. L'évolution se situe principalement sur la rugosité des parties les plus rageuses, presque absentes de "Sleepwalkers" en 2014.
Quant à 'Porcelain', le titre est beaucoup plus léger, presque pop, et contient tous les ingrédients du single idéal. Mais l'ambiance y est inquiétante, les arrangements subtils et les samples électros sont du meilleur effet. Passons enfin rapidement sur l'anecdotique et dispensable 'Inferno', déferlement de bruitages et de cris parfois à peine audibles dans l'esprit d'un 'Dei Eier Von Satan' de Tool.
A peine ce "Lazare" a-t-il commencé de susciter l'intérêt et éveillé nos sens désormais en alerte que c'est déjà terminé. 18 minutes, c'est bien trop court pour être rassasié, car Wolve nous met l'eau à la bouche mais nous coupe dans notre élan. D'autant que la personnalité du groupe transpire dans leur musique à la spontanéité évidente. La frustration est grande, autant que les espérances de la part d'un groupe à qui il a suffi d'un album pour s'inscrire dans le peloton de tête des espoirs du metal alternatif. Souhaitons que cet EP augure d'un album dans les mois à venir pour enfin assouvir ce plaisir à peine entrevu.