Plus de 10 ans après leur premier album en 2005, et après deux EP convaincants, le trio américain Lucid FLy sort enfin son second album. Se définissant lui-même comme un groupe de prog mélodique, Lucid Fly fait preuve d'une grande maturité, ce qui n'est pas étonnant lorsque l'on sait que le trio a écumé le sud-est des États-Unis depuis 2008. Cette aisance est incarnée par les fondateurs du groupe que sont Doug Mecca (guitare) et la ravissante Nikki Layne dont la maîtrise sais faille leur permet de se laisser aller à toutes les fantaisies.
À commencer par un son limpide et des arrangements léchés dans une veine à mi-chemin entre rock alternatif, britpop et néo-prog qui rappelle les Anglais de Panic Room par la finesse de l'interprétation et grâce à Nikki Layne dont la voix, proche de celle de Anne-Marie Helder, contribue à susciter l'attention sur chaque note.
Les natifs d'Orlando en Floride haussent rarement le ton et les titres sont bâtis sur le même type de structure assez simple où refrains et couplets se mêlent parfois d'une façon déroutante, à cause d'une certaine complexité harmonique qui empêche de retenir les thèmes souvent peu immédiats, voire flous. À trop vouloir complexifier les mélodies, le groupe en paye le prix en perdant parfois l'auditeur dans des phrasés toujours agréables mais pas évidents à identifier. Il en résulte une frustration à ne pas pouvoir se raccrocher à des phases que l'on aurait aimé plus instantanées.
Toutefois, hormis l'opener 'Billowy And Broken', seul titre à la mélodie immédiate, certains titres se révéleront au fil des écoutes comme 'Next To Strange' ou 'Paperthin' que la voix enivrante Nikki sublime de sa douceur et de sa profondeur. L'exécution technique et les arrangements compensent habillement les défauts et contribuent à rendre l'album agréable et souvent passionnant comme sur 'Visions Of Grandeur' et 'No I In Voice'. 'Mascot' et 'Ribbons' sortent aussi du lot car plus percutants et avec encore une prestation haut de gamme du trio.
Au final, c'est l'absence de mélodies immédiates et un certain flou à ce niveau qui plombent ce "Building Castles In Air". Du coup, il est bien difficile de juger la qualité globale de l'album. Si les arrangements sont bien travaillés et la production très correcte, l'ensemble manque de relief mélodique et laisse un sentiment de frustration alors que glamour et personnalité attachante sont au rendez-vous, ce qui place heureusement ce "Building Castles In Air" parmi les curiosités de l'année à découvrir pour se changer des productions formatées.