Septième album des Norvégiens de White Willow, "Future Hopes" garde la même formation que lors du précédent "Terminal Twilight", à l'exception notable du remplacement de Sylvia Skjellestad par une autre chanteuse : Venke Knutson, issue de la musique pop. La question est de savoir si cette modification de line-up va modifier l'orientation musicale d'un groupe qui a évolué d'un folk prog vers un style plus symphonique.
Constance dans le style du groupe, les ambiances s'appuient sur un large apport de claviers aux sonorités 80's, White Willow revendiquant ici davantage de plages instrumentales et une approche plus progressive. Voyons voir. Indéniablement, les synthés se taillent une place royale ainsi qu'en témoignent les longues intros de 'A Scared View' et 'Animal Magnetism' ou l'intermède (mineur) de 'When There Was Sea...'. L'approche progressive est suggérée par la longueur de titres-fleuves allant au-delà des 18 minutes.
Cela suffit-il à faire de la musique progressive de qualité ? Certes non. Et White Willow nous en fait la démonstration en accumulant les poncifs - certains diront les erreurs.
La qualité d'un morceau - enfonçons une porte ouverte - tient dans le soin apporté à sa composition. Ici, si la méticulosité apportée au travail des sons saute aux oreilles, elle essaie en vain de masquer une certaine vacuité d'inspiration musicale. 'Silver and Gold' est fort plat, 'When There Was Sea There is Abyss' a un titre plus intéressant que son contenu, et l'epic 'A Scared View' se révèle finalement un collage assez laborieux sans beaucoup de liant, dans lequel les soli instrumentaux sont livrés en roue libre et le final s'étire sans aucune imagination. S'il y a un certain esprit psychédélique dans la perception de la musique de ce "Future Hopes", il tient de la somnolence hypnotique dans laquelle est plongé l'auditeur...
Si encore le chant apportait une plus-value à l'ensemble... mais la performance de Venke Knutson tient d'un autre genre de schéma : sa voix susurrée dans un registre aigu, minaudant avec une grosse charge de phéromones sensées charmer l'auditeur mâle, sombre dans la mauvaise imitation de Kate Bush. Ajoutons à cela que nous avons connu Mattias Olsson beaucoup plus inspiré dans Anglagard, puisqu'ici il ne délivre qu'une partition assez maladroite.
Surnagent quand même le terminal 'Damnation Valley', morceau de piano aux gammes désarticulées façon Erik Satie, et l'entame de 'Animal Magnetism' à l'inquiétante ambiance puis son développement confié à David Krakauer avec sa clarinette klezmer. Un choix original mais trop improvisé, l'instrument se contentant de broder de façon assez virtuose sans réellement faire décoller le morceau (quand on pense à l'accordéon miraculeux de Lelo Nika sur 'Eternally' de Karmakanic...)
Disons-le tout net : on s'ennuie ferme à l'écoute de cet opus, joli paquet bien présenté avec son gros travail sur les sonorités, mais ne renfermant qu'une enveloppe assez vide. "Future Hopes" s'écoute assez facilement car il reste aisément accessible, mais il passe rapidement pour un fond sonore rapidement oubliable. Et c'est d'autant plus râlant que les disques précédents renfermaient, eux, plus de fond musical !