Plus de 30 ans que Kate Bush n'était pas montée sur scène, probablement en raison d'une incroyable timidité. Et voilà qu'au beau milieu d'une période assez peu prolifique en termes de sortie d'albums, la divine se retrouve fin 2014 à remplir pour 22 soirées l'Hammersmith londonien, dont le triple CD ici proposé en est le témoignage.
Dans cette chronique, j'aurais pu vous parler de l'incroyable set-list découpée en trois actes, centrée autour des deux suites conceptuelles 'The Ninth Wave' (2ème face de "Hounds of Love") et 'A Sky of Honey' (2ème CD d'"Aerial"), bien qu'oubliant les quatre premiers albums de l'artiste.
J'aurais pu vous parler du magnifique 'Lily' qui ouvre le premier acte, et du tout aussi splendide 'King of the Mountain' qui le clôture, sorte de mélopée progressive incluant une montée en puissance magistralement dominée par une Kate Bush toute en maîtrise. J'aurais aussi pu évoquer le festif 'Jig of Life' qui introduit une touche celtique de très bon effet, ou encore le tube intemporel 'Running Up that Hill' et ses percussions endiablées.
J'aurais également aimé vous parler de la performance visuelle de l'artiste, mais pour des raisons que seule la raison ignore, la maison de disques n'a pas jugé utile (pour le moment ?) d'envisager la publication d'un DVD. Il faut donc se contenter des alléchantes photos qui garnissent le livret bien fourni.
Non, ce dont j'ai véritablement envie de vous parler dans cette chronique, c'est de la production pourrie qui accompagne l'auditeur tout au long de ces 3 CDs, nous offrant un magma sonore digne d'un bootleg, où chaque son se retrouve compressé contre ses congénères, telle une insulte aux technologies actuelles voire aux antiques procédés d'enregistrement analogiques, gâchant une grande partie du plaisir qui aurait dû découler de l'écoute de ces 2h30 de musique. Seul le piano parvient en effet à produire un son clair digne de ce nom, le reste des instruments (et notamment les basses) étant complètement étouffé.
Kate Bush a semble-t-il produit elle-même ce triple CD, mentionnant par ailleurs qu'il n'y avait ni overdub, ni ré-enregistrement. Cette démarche est très certainement louable, mais il est toutefois dommage de ne pas avoir retraité comme il faut l'ensemble du spectre sonore, afin d'éclaircir l'ensemble. Un groupe comme Dire Straits a réussi ce genre de performance avec les mêmes ingrédients lors de la publication d'"Alchemy" … il y a plus de 30 ans !
Alors il reste au final une impression mitigée, plombée par le sentiment de passer à côté d'une performance artistique fabuleuse pour toutes les raisons évoquées précédemment.