Après un premier EP où Tomy Lobo a posé les bases d'une musique pop rock alliée à une ambiance électro savamment distillée, "Golden Birds" s'inscrit dans la même veine tout en allant plus loin dans cette fusion. Si "Modern's Man Gone" (2014), à l'illustration symbolisant un totem dans la forêt devant lequel s'incline un homme, semblait illustrer une recherche de liberté plaidant pour un retour à la Nature avec ses ambiances oniriques, cette nouvelle offrande se veut plus dense, plus dynamique, presque à l'image d'une grande ville qui bouillonne de monde où paradoxalement l'impression de solitude et d'indifférence est plus accentuée.
C'est avec l'envie de crier son existence pour sortir de cette cage urbaine que nos amis franciliens proposent des hymnes porteurs, aux mélodies imparables, presque taillés pour un passage radio. L'architecture de cet EP est assez bien pensée et commence par l'entêtant 'Viperine' qui assoit la construction des titres à l'ossature classique (couplet, pré-refrain et chorus). Le clip inquiétant accompagnant ce premier extrait, sorte d'Orange Mécanique moderne, participe clairement à l'imagerie travaillée et le mystère entourant le groupe. Le style musical se rapproche de l'orientation adoptée récemment par Coldplay (influence déjà palpable sur le premier EP) et rappelle également le groupe indé rock Dredg (notamment le dernier album en date des Californiens "Chuckles And Mr. Squeezy"), particulièrement le jeu de guitare de Yann qui se rapproche de celui de Mark Engles, notamment dans 'It's Starts With Fire' avec ses soli lumineux, 'Golden Birds' où la virtuosité s'apparente à un vol d'oiseaux, apportant une singulière légèreté au titre qui deviendra plus grave et lourd dans son dernier tiers. Au cours de l'avancement de l'EP, les chansons se teinteront d'une certaine mélancolie douce amère dans lesquelles Tomy Lobo parsèmera chaque titre de breaks rock ou électro permettant d'apporter une touche d'originalité à l'homogénéité ambiante de l'ensemble.
Car tout n'est pas parfait dans cet EP en raison des gimmicks rythmiques, du style de chant et des riffs de guitare qui sont quelquefois redondants, donnant l'impression trompeuse que l'album tourne en rond pour paraître au final trop uniforme. En particulier, le phrasé pourra s'avérer agaçant dans cette insistance à crier certains pré-chorus ou refrains ou bien à répéter à outrance certaines paroles, ce qui finit par nuire à l'ambiance de certaines compositions ('Erase It All' répété presque de façon outrancière). C'est dommage, car le chant en anglais d'Arthur est bien en place, malgré un accent français prononcé, d'autant que sa voix est plutôt agréable. Les touches électro ne sont pas envahissantes et apportent un climat presque festif tout en sachant s'effacer pour laisser place aux atmosphères rock de l'album, apportant une dose plus organique et pleine d'humanité.
"Golden Birds" malgré ses défauts n'en est pas moins un album agréable à écouter, facile à apprivoiser, à la fois frais et grave, in fine encourageant pour la suite. Tomy Lobo est promis à un bel avenir pourvu que le groupe canalise ses idées et mette de côté certains aspects chagrinants.