Groupe formé au début des années 80 par la première femme de Chris Squire, Nikki, et son complice Nigel Mc Laren, Esquire nous propose en cette année 2016 son troisième album, "No Spare Planet". Le bassiste étant brutalement décédé en 2015, Nikki Squire a finalisé en solo le travail entamé plusieurs années auparavant, en le publiant comme un tribute à son acolyte.
Souhaitant se rapprocher d'un rock progressif moderne, Esquire entame cette galette de la meilleure manière qui soit, avec 'Ministry of Life' qui, du haut de ses huit minutes, déroule des ambiances variées, avec des mélodies travaillées et des chœurs rappelant The Beatles, des arrangements soignés mêlant des sonorités de claviers diverses, quelques passages à la Genesis période "And Then They Were Three", et plusieurs plans familiers aux oreilles. Le tout est parfaitement réalisé et interprété, la voix haut perchée de Nikki Squire donnant un cachet tout particulier à l'ensemble.
Après une telle entame, la suite de de l'album va vagabonder dans plusieurs univers dont le point commun reste une accessibilité de tous les instants. Ainsi, les notes de flûte introduisant 'She Said' convoquent un univers hackettien, tandis que 'Human Rythm' présente une belle inclinaison pop new-wave, évoquant Propaganda. De leur côté, 'Friends & Enemies' et encore plus 'Heaven Blessed' nous emmènent sur les terres d'un certain Peter Gabriel, le timbre de voix de Nigel McLaren se rapprochant fortement de celui de l'archange. Quant aux chœurs d'enfants de 'Stay Low', ils font irrémédiablement penser à Iluvatar sur l'album "Children".
Cette collection de titres s'avère plutôt plaisante, et on pourra juste reprocher ici et là quelques répétitions, malgré des durées de morceaux n'excédant pas les 5 minutes.
Si les premiers albums du groupe se rapprochaient de l'univers yessien, la présence entre autres de Chris Squire et d'Alan White n'y étant sans doute pas étrangère, cette nouvelle livraison s'en détache complètement et présente une sensibilité toute particulière à l'écoute. Rien de révolutionnaire musicalement parlant, mais une galette agréable à classer entre pop progressive symphonique et néo-progressif, à écouter d'une seule traite pour un bon moment de détente.