Fondé en 2009 par une bande de potes de lycée, Blinding Sparks au fil de sa courte vie a connu beaucoup de changements de line-up pour au final ne garder que Jérémy Conrad de la formation originelle. Le groupe se réclame d'un genre post rock aussi large que possible pour parsemer les compos de teintes metal, pop ou heavy. En 2015 il propose un EP de 3 titres agrémentés de 2 versions instrumentales. Afin d'avoir un aperçu plus large du travail du combo mosellan, c'est la version deluxe qui sera évoquée au fil de ces lignes.
Blinding Sparks aborde, dans ses textes parfois abscons, des thèmes aussi vastes que la vie, la mort, l'amour, la désespérance, bref tout ce qui touche aux sentiments humains sans pour autant évoquer la politique ou des faits de société. Pour transmettre ces sujets à fort potentiel émotionnel par définition, l'auditeur est en droit d'attendre une interprétation juste même dans les aspérités que pourraient revêtir ces paroles. Hélas, la voix ne suit pas et fini par venir gâcher les bonnes intentions des compositions : tour à tour plaintive ('Renaissance'), éruptive ('Insipide'), agressive, elle semble sonner faux et même à contre-temps. Elle ne trouve quasi-grâce que sur le théâtral 'Complainte De Jack' qui sauve cette première partie de la débâcle vocale. Paradoxalement la musique tient assez bien la route, sans être pour autant intrinsèquement transcendante.
Avec souvent du second degré et de l'humour, quelquefois maladroit, le second CD propose un éventail de styles dont se revendique Blinding Sparks, comme sur les deux versions de 'Un Jour Je Signerai', post rock et rock, évoquant la revanche d'un musicien signant sur un label pour ensuite déverser tout son fiel sur les gens qui n'ont pas cru en lui, quitte à se bruler les ailes (une relecture du 'Chanteur' de Balavoine). On s'interrogera sur l'intérêt de la mise en musique de la définition du petit Larousse de 'L'Avocat' (sic !) si ce n'est un exercice de style pour un prochain projet... ou le manque de développement de 'Pour Me Reposer', 'Irréversible' ou 'X.X' qui auraient mérité d'en montrer un peu plus. La note positive sera pour 'Sandra (She Will Nerver Shine)' qui constitue le titre le plus abouti et intéressant de "Renaissance Insipide" où Jérémy trouve presque sa voix(e) ou 'le Belouse' à la conclusion aussi tranchante (et tranchée) qu'une guillotine un soir de terreur.
Tout n'est donc pas négatif et le talent des musiciens n'est pas remis en cause car les mélodies sont bien composées et restent en tête assez longtemps comme 'Renaissance' que l'on se surprend à fredonner malgré le défaut évoqué ci-dessus. Les lignes de guitare disposent de bons riffs que parfois le clavier accompagne avec des sonorités certes classiques mais de bon goût. Reste l'aspect rythmique qui soutient l'ensemble convenablement avec des lignes de basse bien mixées et une batterie qui sans en faire trop est bien nuancée.
Blinding Sparks peut susciter la curiosité : premier ou second degré, sérieux ou pas ? L'album contient quelques titres qui émergent d'un ensemble plus anecdotique et manquant de finition mais dont la majorité est plombée par une interprétation vocale faillible qui parfois tombe juste, mais trop peu souvent pour être satisfaisante. Espérons que la stabilité apportera au groupe une vision plus centrée et moins éparpillée de son style, afin de proposer des titres plus travaillés et offrir une renaissance moins insipide.