Sybernetyks
est une formation aussi curieuse que futuriste, qui navigue dans un univers désincarné et qui propose une musique metal à laquelle
s'ajoutent des éléments froids issus de machines musicales. L'univers
de cette jeune formation - dont le "fantôme dans la machine" est né en
2012 - est à piocher dans des œuvres de science-fiction classiques
: au travers d'une musique froide comme l'arctique, on sent le groupe naviguer dans des univers désincarnés et inhumains dignes
de Philip K. Dick, A.E. Van Vogt ou Isaac Asimov.
Dès les
premiers contacts avec l'objet, l’œil unique et rouge sang de
HAL (ordinateur génie-mégalomane) vous dévisage du haut de sa
demeure cybernétique immatérielle, tentant de déceler le
moindre vacillement, la moindre faille, la moindre résistance sur
votre visage.
Ce voyage à l'imagerie futuriste se délaye
également dans une musique aux vibrations lourdes et chaudes, dans laquelle l'empreinte technoïde fait office de couche de
rafraîchissement et introduit son lot d'enluminures scintillantes. Une musique qui se range facilement dans le casier metal, entre
renaissance suave d'un certain classicisme et puissance sèche comme une bonne vieille
trique...
Le voyage commence sous des jours radioactifs et pluvieux d'un futur décomposé, dans
l'introduction portée par une rythmique glaciale, puis l'élément
cybernétique laisse au fur et à mesure la place à des
constructions calibrées... Au contraire de The
Algorithm, ici les notes artificielles gardent un habillage
habile et beau certes, mais habillage tout de même ('Tech-Noir',
'Virtual Lights' ou 'Genesis'), car la musique reste toujours lourde
et épaisse.
Les musiciens
livrent des refrains touchants ('Genesis') et très orientés pop,
puis franchissent la porte qui les mène vers des métriques
percutantes lourdes. Ainsi 'D.N.A', démarre par une rythmique
étourdissante et égrène des accords qui soutiennent une voix
diaphane aux mélodies pleines de feeling musical ; quant aux accords, ils
imposent une ambiance de contemplation quasi ascétique. Le groupe
semble ainsi constamment hésiter entre un bon vieux metal typé
années 80 ('Disconnected' ou 'Karma Protocol') ou des variations
atmosphériques, si bien que ces éléments se conjuguent au sein des
compositions, se livrent bataille et se complètent.
Malgré
tout, l'émotion brute est l'essence même de l'art froid et
désincarné de Sybernetyks, portée par une sensibilité
rock et animale, sans fioriture et sans apparat, une émotion
qui touche au cœur et qui fait dresser les poils sur les avant-bras...
Sybernetyks livre des vibrations
qui unissent le froid et le chaud, le désincarné et la sensualité
charnelle. La musique de "Dream Machine" bien qu'elle soit
très mécanique, est gorgée d'humanité et de tendresse. L'album
est ainsi une réussite qui sait distiller les émotions et les
extirper des micro-processeurs, qui sait révéler le fantôme qui se
cache dans la machine... Et paradoxalement on sent intimement
derrière ses oripeaux que la formation est humaine et que sa musique
l'est tout autant. Une production à découvrir, totalement
en phase avec son temps et l'évolution des genres musicaux.