Décidément, Joe Bonamassa est un véritable stakhanoviste. Entre ses albums studios ("Black Rock" en 2010, et "Dust Bowl" en 2011), sa collaboration avec Beth Hart ("Don't Explain" en 2011) et sa place au sein de Black Country Communion ("Black Country Communion" en 2010 et "2" en 2011), le talentueux guitariste et chanteur ne semble jamais lever le pied, tout en maintenant ses nombreuses productions à un haut niveau d'exigence. Certes, "Black Rock" marquait légèrement le pas, mais tout ceci restait relatif par rapport à la qualité générale de l'œuvre de l'artiste. À nouveau épaulé par Kevin Shirley à la production, Joe Bonamassa nous offre donc la suite de sa carrière solo avec son dixième opus studio intitulé "Driving Towards The Daylight".
Aux côtés des désormais fidèles Anton Fig (batterie) et Carmine Rojas (basse), une nouvelle brochette d'invités prestigieux vient participer aux réjouissances, parmi lesquels les guitaristes Brad Whitford (Aerosmith), Blondie Chaplin (Rolling Stones) et Pat Thrall (Asia, Hughes/Thrall, Pat Travers), le bassiste Michael Rhodes, et le légendaire chanteur australien Jimmy Barnes. Comme à son habitude, le maître des lieux alterne les reprises et ses propres compositions, même si cette fois, le nombre de ces dernières est assez limité. Avec seulement trois titres, le compte pourrait ne pas y être pour certains, même si la qualité est largement au rendez-vous. En effet, entre le riff martelé et obsédant de 'Dislocated Boy', qui n'est pas sans rappeler celui de 'The Ballad Of John Henry', l'envoûtant titre éponyme alternant les changements de tempo et dégageant une délicate mélancolie, et un 'Heavenly Soul' digne d'un gros cube lancé sur la route 66 et doté d'un magnifique solo dont Joe Bonamassa a le secret, il y a ici de quoi satisfaire les aficionados du génie de la six-cordes.
De leur côté, les covers bénéficient, comme d'habitude, d'un traitement trouvant le juste équilibre entre respect et attribution. Le meilleur exemple est probablement le 'Lonely Town Lonely Street' de Bill Withers qui voit sa soul d'origine flirter avec un bon gros hard-rock aux accents revival sur lequel vient se greffer une belle jam durant laquelle les soli en tous genres se multiplient. De son côté, le blues sudiste du 'Stones In My Passway' de Robert Johnson bénéficie également d'un surplus de puissance, alors que le 'Somewhere Trouble Don't Go' de Buddy Miller semble tout droit sorti d'un album de ZZ Top. A noter également deux superbes ballades avec la surprenante 'A Place In My Soul', œuvre de Bernie Marsden (ex Whitesnake) durant laquelle le temps suspend son vol alors que plane l'ombre de Gary Moore. De son côté, 'New Coat Of Paint' de Tom Waits se fait crépusculaire et profite également d'un nouveau superbe solo.
"Driving Towards The Daylight" ne sera pas encore l'album de trop pour Joe Bonamassa. Tout en respectant un cahier des charges relativement classique pour son auteur, il n'en manque pas pour autant de variété ni de personnalité. Comme ses prédécesseurs, il possède encore son lot de pépites qui viendront étoffer une setlist pour laquelle il va devenir de plus en plus difficile de réaliser des arbitrages, à moins de se lancer dans des concerts de plus de trois heures.
NB: À noter que l'équipe qui a enregistré la reprise du 'Too Much Ain't Enough Love' de Jimmy Barnes, énorme tube ayant passé cinq semaines en tête des hit-parades australiens, a également réalisé un cover du 'Crazy' de Deep Purple. Si ce titre n'est pas présent sur l'album, il est facilement trouvable sur le net et mérite largement le détour.