Le premier album de ces vétérans du prog n'avait pas été accueilli avec grand enthousiasme en 2014. Eyesberg remet le couvert et tente de convaincre avec ce "Masquerade" qui voit Jimmy Keegan (Spock's Beard) s'installer derrière les fûts, pour 7 titres dont le dernier 'Wait And See' est une suite de 18 minutes progressives.
'Joke On You' ouvre les hostilités dans un registre que ne renieraient pas Neal Morse ou Spock's Beard, un solo enlevé dans une introduction particulièrement énergique qui place ce nouvel opus sur de bons rails. Cette ardeur entrecoupée de passages plus clames dans un style néoprog se retrouve à plusieurs reprises dans ce titre, le clavier véhément et les riffs de guitare faisant leur petit effet, un peu annihilé par le chant nasal et manquant de relief et de souffle de Malcolm Shuttleworth. Il arrive que ce genre de contraste saisisse l'auditeur pour le meilleur. Ici, il est regrettable que le soufflé retombe si vite.
En dehors de ce morceau réussi, Eyesberg a tendance à répéter les errements déjà constatés sur "Blue", à savoir une alternance entre le prog seventies façon Genesis ou Camel et du neoprog trop plat pour susciter l'intérêt et sortir du lot. Quelques passages demeurent intéressants, comme la mélodie de 'Here and Now', l'instrumental 'Storm Flood' virevoltant, dans lequel le clavier de Norbert Podien tire son épingle du jeu. Bien sûr les roulements de caisse claire et surtout de toms de Jimmy Keegan, que la basse de Georg Alfter soutient merveilleusement bien, sont jouissifs dans les parties instrumentales.
Après un 'Steal Your Thunder' assez pauvre, le morceau majeur qui s'étire en cinq parties enfonce le clou du old prog de façon trop linéaire. Le peu de changement de rythmes, de mélodies percutantes et d'instrumentaux efficaces rendent ce titre trop long malgré quelques efforts rythmiques ou d'ambiances portées par le clavier. L'impression qui demeure à l'issu du titre c'est que celui-ci ne décolle jamais, ce qui laisse évidemment sur sa faim.
Voilà un album dont les quelques qualités permettent de considérer que Eyesberg est en progrès par rapport à son premier ouvrage. Pour autant, dans un style largement éculé, mis à part une bonne entrée en matière, ce "Masquerade" ne suffira pas au groupe pour s'installer dans le paysage. L'hommage aux anciens qui rime avec une quasi-absence de modernité n'est pas un argument suffisant pour convaincre, car il faudrait plus de souffle et d'âme à cette musique.