Après un hiatus de 6 années entre la publication de "Photoplay" et celle de "See Right Through You", il n'aura fallu que quatre ans à Gary Chandler pour produire le huitième album de Jadis, qui voit pour l'occasion le deuxième retour de Martin Orford, ex-pilier du groupe depuis ses débuts, et sortant de sa retraite volontaire du business musical pour venir embellir la musique de son camarade.
Imaginer que la première écoute de "No Fear of Looking Down" va dérouter les connaisseurs de l'œuvre de Jadis engendre une probabilité à peu près aussi élevée que celle de gagner le jackpot de l'Euro-Million : les deux premiers titres sont en effet à ranger dans le plus pur style développé depuis maintenant un quart de siècle par le groupe, à savoir un rock néo-progressif mélodique, porté par des sonorités de guitare reconnaissables entre mille, sur fond de claviers néo, avec de ci de là le petit riff qui va bien et qui trotte dans la tête. Le Pendragon des débuts n'est jamais très loin !
Comme à son habitude, la voix de Gary Chandler est régulièrement doublée et délivre des mélodies et des refrains efficaces, avant qu'un break instrumental ne vienne apporter le petit plus progressif à l'ensemble (celui d''Abandoned' étant le plus significatif). Le tout est superbement produit, et tous les ingrédients sont réunis pour passer un bon moment en compagnie du groupe.
Mais, hélas trois fois hélas, si les qualités du groupe sont bien présentes, ses défauts également avec cette tendance persistante à avoir du mal à trouver un second souffle dans le développement des morceaux au-delà de 2-3 minutes. Si 'Listen to Me' échappe plutôt à la malédiction malgré un refrain un peu fade, de même que le classique 'A Thousand Staring Eyes' dont la mélodie est à tomber, ce n'est pas le cas de 'Where Am I', qui n'en finit plus de tourner en rond, ou encore de 'Seeds of Doubt' et plus encore de 'No Fear of Looking Down' au refrain décidément peu inspiré.
En revanche, Gary Chandler amène un véritable nouveau souffle sur d'autres titres, avec notamment l'excellent 'Let it Happen' dont la longue progression planante installe une ambiance plutôt nouvelle pour le groupe. Et comment ne pas fondre à l'écoute de l'instrumental 'Change of the Season', où Martin Orford use avec bonheur de la flûte et de la vièle à roue, donnant un aspect celtico-médiéval à un titre sublimé par une guitare toute oldfieldienne.
Fidèles à leurs habitudes, Gary Chandler et Jadis déroulent leur néo-progressif resté pleinement ancré dans les 90's. Il y a peu de surprises à attendre de la part de ce nouvel album, juste le plaisir de retrouver un groupe honnête et fidèle à ses idéaux, délivrant 45 minutes de musique très plaisantes à écouter.