Après une démo amateur réalisée courant 2013, le quatuor suisse The Kompressor Experiment propose fin 2016 son premier album, fusion hardie car intégralement instrumentale de stoner, rock progressif et post-rock.
Avec l’introductif 'Eat Yer Brownie', le ton semble donné, qui se développera plus longuement sur les deux titres suivants : les guitares, grasses et puissantes, se partagent riffs et soli assez classiquement rock, rehaussés d’incursions dans un psychédélisme plus aventureux, tandis que basse et batterie se chargent de faire groover le tout. La surprise viendra, ainsi qu’au cours de 'Hot In The Fog', de l’introduction de plans funky parfaitement intégrés, mais également de cette respiration plus acoustique qui aère 'Masal Eye' et donne l’occasion au groupe d’exprimer une mélancolie qui lui sied à merveille.
Avec la longue introduction de 'BAAMM', les Suisses dévoilent un autre aspect de leur identité musicale, aux portes d’un ésotérisme hérité des années 70, travaillant la matière sonore au moyen de longues plaintes délivrées par la guitare, et développent ainsi un univers cinématique et mystérieux qui se révèle plus encore avec l’epic 'Bronko', près de 17 minutes au compteur.
C’est bien ce titre qui justifie la profession de foi du quatuor, à savoir "repousser les limites traditionnelles du rock". D'abord hypnotique, le morceau se pare d’un superbe thème mélodique mis en valeur par de délicats arrangements aux claviers, avant que la lourdeur stoner ne reprenne ses droits. Mais les ruptures ne cessent jamais de s’enchaîner, dans un tourbillon de thèmes, de riffs, de soli et de couleurs qui témoignent d’une créativité enfin débridée. Plus technique mais nullement démonstratif, 'Bronko' se dévoile finalement comme une véritable entreprise narrative, avec sa situation initiale, ses multiples rebondissements, terres de tensions et de suspense, ses élans de mélancolie contemplative, et sa résolution, à la fois logique et intrigante.
Avec "Douze", The Kompressor Experiment met en avant un vrai potentiel, malheureusement inégalement exploité. Sympathique et attachant, ce premier album ne prend véritablement son envol qu’avec un seul titre. C’est peu, mais c’est aussi beaucoup.