Après avoir édité en ce début d’année un live quelque peu approximatif tant au niveau de la forme (surtout le son) que sur le fond, afin de présenter notamment quelques titres du nouvel album à venir, Electric Beans sort "De Retour En Noir" et hélas, autant le dire tout de suite, le plat restera un peu sur l’estomac.
Le combo niortais se revendique d’un rock teinté de hard classique, voire de punk, aux paroles à tendance à la fois réaliste et humoristique dans la lignée de groupes tels qu’Elmer Food Beat, Les Fatals Picards, Les Trois Fromages. A priori, l’auditeur s’attend à avoir une franche rigolade avec des textes bien sentis. Seulement, là où le bât blesse, c’est que sous couvert d’un second degré, les titres finissent au contraire par tomber à plat, pêchant par le sentiment d’une absence d’autodérision à laquelle s’ajoute des textes non aboutis qui se résument souvent à un simple inventaire pour trouver la rime facile.
Comment trouver son compte dans des morceaux à la blague de collégien tel que ‘J’ai Perdu Mon Téléphone’ illustrant la détresse des accros aux smartphones qui se retrouvent démunis sans leur appareil, ou pire, dans la relecture de ‘Jody’ des Innocents rebaptisée ‘Jeudi’, ayant pour thème les bonnes résolutions qui ne seront au final tenues que quelques jours, se résumant en une litanie de mets jusqu’à l’indigestion.
Pourtant, tout n’est pas à jeter dans cet album, et quelques titres émergent très légèrement de cette imperfection : l’inquiétant ‘Jack’ (déjà évoqué dans la chronique du live), ‘Mœurs Cathodiques’ dénonçant les dérives télévisuelles actuelles mais avec ce sentiment de goût édulcoré d'un Noir Désir light, ‘Oui Encore’ listant des hallucinations délirantes alcoolisées, ou même enfin 'De Retour En Noir', hommage aux groupes dont Electric Beans est friand, le tout avec toutefois beaucoup de maladresses et sautant parfois du coq à l'âne.
Par rapport au live, la production est plutôt à la fête. Les guitares trouvent leur compte et sont mises en valeur même si les riffs sont déjà mille fois entendus et usés jusqu’à la corde. Une note positive sera décernée au chant assuré d'Arno, bien articulé et en place, d'une saveur moins insipide par rapport à l'ensemble.
Si le style se veut sans prétention, celle-ci semble paraître étrangement prégnante à l’écoute de l’album . À la décharge du groupe, il n’est pas toujours facile de trouver l’équilibre dans un tel projet sans verser soit dans la parodie de comptoir (Sébastien Patoche), ou bien à l’inverse passer pour un donneur de leçons, assénant sa vérité sous couvert de facéties, pour au final desservir le propos. Electric Beans n'arrive tout simplement pas à trouver la bonne combinaison dans cet album et donne le sentiment de naviguer entre deux eaux.
C'est dommage mais "De Retour En Noir" confirme hélas les craintes pressenties à la sortie du live. L’abus d’Electric Beans conduit à un ballonnement auditif en raison du manque de consistance des textes que la musique n’arrive pas à sauver par manque d'originalité malgré quelques soubresauts et une production mieux léchée.