Avec "Primitive Soul", Newman fête ses 10 ans de carrière et son sixième album sur cette période, ce qui est une preuve d'inspiration de la part de son leader. Comme sur le précédent opus ("Heaven Knows" - 2006), Steve Newman enregistre l'intégralité des titres avec le batteur Rob McEwen pour seul compagnon. Il rajoute la production à ses différentes missions, maîtrisant ainsi la quasi-intégralité des étapes de gestation de ses parutions discographiques. Si cette volonté de contrôle total peut être saluée et prouve l'étendue des talents du maître des lieux, elle risque également de limiter les sources d'inspirations extérieures. Newman ayant déjà une marque de fabrique affirmée, il ne faudrait pas que celle-ci se sclérose en une formule répétitive et redondante.
Point de ça avec "Primitive Soul", même si les évolutions ne sont pas légion pour autant. En première ligne de ces dernières, la production se fait plus organique, brisant ainsi l'image un peu aseptisée des précédents opus. Le son des guitares est le premier bénéficiaire de ce nouvel équilibre qui permet également au chant de tirer son épingle du jeu. Il faut dire que la voix chaude et puissante de Steve Newman fait partie des atouts incontournables de cette formule qui fait mouche à chaque album. Avec des titres tels que 'Heading For Your Heart', 'For The Man I Am' ou 'I Get Torn', Newman joue clairement la carte de la sécurité mais il n'y perd pas en efficacité pour autant.
Les ballades 'Still Can't Find The Words' ou 'Rapture' ne révolutionnent pas non plus l'AOR mais elles n'en sont pas moins réussies, surtout la seconde qui est particulièrement émouvante et envoûtante. Plus étonnants sont quelques titres qui se font cinglants tels un '15 Minute Revolution' alternant le calme et la tristesse des couplets avec la colère du refrain, ou un 'Last Flight' à la batterie claquante et rock'n'roll. Et s'il arrive souvent à Newman de manquer de morceaux au profil d'hymnes en puissance, il évite cet écueil avec un titre éponyme au refrain accrocheur, un 'Cold Day In Hell' puissant et bénéficiant de l'intervention de Tommy Denander, et un 'Give It All You Got' fédérateur et imparable.
Avec ce "Primitive Soul", le Britannique continue donc son bonhomme de chemin en s'appuyant sur une recette ayant fait ses preuves depuis une décennie, tout en y apportant juste quelques touches d'évolution suffisantes pour ne pas tourner en rond. Sans forcément atteindre le niveau d'un "Sign Of The Modern Times" (2003), cet opus vient cependant enrichir et compléter la collection de productions sans faille de Newman, et elle y ajoute quelques nouveaux titres d'un AOR finement ciselé et envoûtant. Voilà un artiste qui ne fait pas de bruit mais qui mériterait d'être découvert par plus d'amateurs du genre. Parions que peu d'entre eux seront en mesure de résister à une musique rutilante et à un artiste discret mais attachant.