Ses membres l'avaient annoncé dans nos pages, Cowards est donc retour avec, sous les bras, un EP, en attendant le véritable successeur de "Rise To Infamy". Format serré oblige, "Still" va droit à l'essentiel, lacérant les muqueuses sans jamais reprendre son souffle. Ça va vite, très vite même, laissant non pas un goût d'inachevé mais de trop peu, quand bien même on ressort de sa défloration - comme c'était déjà le cas de ses aînés - lessivés, assommés par cette décharge ininterrompue d'une brutalité poisseuse.
Si les saillies qui le composent, d'une férocité épileptique, ne sont néanmoins pas vierges de lourdes et rampantes perforations, elles trouvent dans ces instants comme suspendus au-dessus d'un gouffre sans fond la matière à dégueuler plus encore cette négativité aussi agressive que mortifère dont ses géniteurs sont coutumiers. Ancré dans une urbanité gangréneuse, ce crachat d'une vingtaine de minutes au jus ne saurait être considéré comme l'agrégat trapu de quelques fonds de tiroir, issus des sessions de "Rise To Infamy" même si les deux covers, sur lesquelles nous reviendrons, ont en effet été capturées durant l'enregistrement du disque précédent.
D'une part parce que les trois compos personnelles et inédites qui s'enchaînent les unes aux autres et remplissent la première partie du menu, dressent avec férocité les couleurs sombres d'une inspiration explosive, pulsations déchaînées, à l'image de 'Like Us' que vient violenter encore davantage Matthias Jungbluth de Fange, qui se hissent sans mal à la hauteur de leurs devancières.
D'autre part parce que 'Still (Paris Most Nothing)' ou 'Let Go' dévoilent un groupe en mouvement perpétuel qui continue de façonner son identité et, par là même, de l'affirmer, s'enfonçant toujours un peu plus dans les replis marécageux d'un sludge doom abyssal bouillonnant de haine, jusqu'à l'os d'un black metal primitif, ce dont témoigne la reprise hallucinée et pour le moins personnelle du 'Every Breath You Take' de The Police .
Celle de The Horrorist, 'One Night In Any City' ne confirme pas seulement, quant à elle, ce glissement vers les ténèbres les plus reptiliennes, elle incarne le point G venimeux de ce court méfait qui, plus qu'un complément de "Rise To Infamy", se pose comme un jalon essentiel d'une discographie qui ne cesse de nous surprendre.