Depuis l'arrivée de Mike Wilson en 1990, la vie semble avoir retrouvé un cours normal pour les Irlandais de Mama's Boys. Le line-up est enfin stable et "Live Tonite" (1991) a permis au quatuor de repartir sur de bons rails. Profitant de cette bonne dynamique, les frères McManus et leur chanteur enchaînent directement avec un nouvel album studio à nouveau produit par Jean-Bertrand Gonnet. Les claviers sont assurés par Alan Williams alors que Michel Marin propose quelques interventions de saxophone ou à l'harmonica, tout en participant aux chœurs. C'est dans cette ambiance apaisée et conviviale que les trois frères et leur vocaliste découvrent qu'ils sont originaires du même clan, ce qui explique la pochette et le titre de l'album. En effet, c'est le blason commun qui décore ce "Relativity" ainsi nommé car cette trouvaille leur a confirmé la relativité des choses de la vie.
"Live Tonite" avait pour originalité de contenir 4 titres inédits dans sa setlist. Ces titres sont ici présentés dans leur version studio et ils se retrouvent intégrés à un ensemble confirmant la voie entrevue lors de leur interprétation en concert. Les expérimentations FM de "Growing Up The Hard Way" (1987) sont définitivement mises de côté et "Relativity" symbolise le retour au hard-rock des Irlandais, intégrant aussi bien des influences blues que celtes, avec des mélodies envoûtantes et des refrains accrocheurs. La nouveauté prégnante de cet opus vient d'une mélancolie que de nombreux intitulés de titres traduisent. En ouvrant les hostilités, 'Judgement Day' plonge directement l'auditeur dans cette ambiance avec son introduction sombre et son refrain martelé appelant à se recueillir avant le jugement à venir. 'Cry Salvation' ou 'Fallin' ' utilisent également cet équilibre entre puissance et mélancolie. Déjà présents sur "Live Tonite", 'Rescue Me' et 'My Way Home' offrent des accélérations redoutables sur leur final, sortes de redressements mus par l'énergie du désespoir.
Bien que plus apaisées, 'Don't Look Back In Anger' et 'Cardboard City' maintiennent l'émotion sur les mêmes territoires mais au rythme de ballades celtes aériennes et brumeuses, même si la seconde se voit dotée d'une accélération floydienne sur son final. Au milieu de cette ambiance dédiée à la tristesse, quelques îlots festifs subsistent avec 'What You See Is What You Get' qui rappelle les premiers albums du groupe, même s'il est enrichi de lignes d'orgue Hammond, ou 'Laugh About It' avec son saxo et son piano bastringue. Quant à 'Don't Back Down', il se fait direct et sans fioriture. Enfin, "Relativity" se voit parsemé de pauses instrumentales qui viennent nous remémorer que le talent de Pat McManus est multiple, capable de transmettre une naïveté toute en légèreté ('Left And Right') ou de se faire aérien et émouvant ('Moorlough Shore').
Prenant fin dans une ambiance hyper festive de pub irlandais au son d'instruments folkloriques traditionnels, cet opus aura soufflé le chaud et le froid, mais uniquement en ce qui concerne les ambiances. Quant à la qualité, celle-ci se maintient sur de hauts niveaux, confirmant le talent et l'identité forte du quatuor et offrant une nouvelle évolution, Mama's Boys associant avec bonheur l'énergie du hard-rock et la mélancolie celte. Malheureusement, "Relativity" sera le dernier témoignage discographique du groupe qui verra Mike Wilson le quitter en pleine tournée en 1992. Reportée pour des raisons contractuelles, la séparation de la formation sera définitive en 1994 avec le décès de Tommy McManus qui ne pourra pas être sauvé par une greffe de moelle osseuse. A croire que cette fin tragique était déjà anticipée par les nombreux titres mélancoliques de cet opus.