En cette fin d’année 2016, les Français de The Prisoner poursuivent leur exploration du metal extrême en donnant une suite au remarqué "The Silence, And Nothing…" paru en 2012, monument de nihilisme glauque et torturé contant les tentatives désespérées d’un amnésique à se libérer de ses propres structures mentales.
Avec "Life Of The Mind", le ton se veut plus sombre encore, véhiculant une haine de soi qui confine à l’impasse existentielle. Pour autant, le quatuor ne s’enferme pas dans un propos monolithique. Avec une entame largement instrumentale, lente et poisseuse, arrimée au doom le plus sombre, les Français brouillent les pistes, avant que ne résonnent les hurlements déments de Julien Deyres, signalant par là l’entrée dans le vif du sujet.
Après le black délié et mélodique de la première moitié d’'Emptied', les blast-beat cataclysmiques, dissonances apocalyptiques, stridences insupportables et ralentissements soudains portés jusqu’au malaise de 'Battling Ego' n’épargnent rien à l’auditeur, évoquant un croisement monstrueux entre Emperor, Enslaved période "Isa" et Gorguts.
Moins chaotique, le désespéré 'Life Of Mind' se déplie tout au long d’un canevas harmonique plus classique qui laisse se déployer une émotion renforcée par un habillage symphonique discret mais efficace. Cette volonté de rompre avec les atmosphères glauques et glaciales de 'Still Here', 'O Vengeance' ou 'From The Void To The Void' - ce dernier peinant à convaincre faute d’un riffing inspiré - et de brider l’agressivité démesurée d’un court mais malsain 'Another Road To Nothingness', se retrouve dans 'Acte Final', instrumental épique et incarné qui, en dépit de son final cauchemardesque, apaise les tensions générées par l’ensemble des autres titres.
Il faut finalement attendre le terminal 'And So Be It' pour voir The Prisoner marquer le pas. Rien ne distingue spécialement ce titre de l’entame 'Awake', sinon sa longueur, que le groupe ne parvient pas à maîtriser. Si la première moitié, oppressante et torturée tout au long d’une montée en puissance dont on pressent l'issue tragique, confirme le talent des Français, le reste du morceau expose des schémas maintes fois usés au cours de l’album, sans vraiment les renouveler. Au lieu d’être la synthèse certainement imaginée par le groupe, 'And So Be It' célèbre plutôt le règne de la redondance.
Extrême et angoissant, paranoïaque et schizophrène, "Life Of The Mind" remplit sans conteste son cahier des charges. Il sera toutefois possible de regretter une homogénéité de ton qui, sur la longueur, pourra épuiser jusqu’aux meilleures volontés.