ARTISTE:

TIM BOWNESS

(ROYAUME UNI)
TITRE:

LOST IN THE GHOST LIGHT

(2017)
LABEL:

INSIDEOUT MUSIC

GENRE:

ROCK ATMOSPHERIQUE

TAGS:
Concept-album, Mélancolique
"Tim Bowness délivre là sa plus belle œuvre, osant sortir de son douillet cocon atmosphérique pour se frotter à des compositions flirtant avec le progressif."
CORTO1809 (10.03.2017)  
4/5
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Revoilà donc l’homme qui murmure non pas à l’oreille des chevaux, mais à celle de l’auditeur : Tim Bowness est de retour avec son quatrième disque, "Lost in the Ghost Light", un album concept dont le thème évoque les angoisses et les regrets d’un musicien rock (what else ?) au crépuscule de sa carrière.

"Stupid Things That Mean The World ", son opus précédent, avait marqué un certain essoufflement de son auteur. Il est vrai que Tim Bowness œuvre dans le rock atmosphérique, un genre musical délicat où il est facile de s’enliser dans une routine propice à l’ennui, ce qu’avait frôlé l’album paru en 2015 qui ressemblait trop à son prédécesseur, "Abandoned Dancehall Dreams". "Lost In The Ghost Light" saura-t-il s’extraire de l’ornière créée par ses devanciers ?

Si la pochette rompt avec le style dessiné des deux productions précédentes, le line-up réembarque peu ou prou les mêmes pointures (Stephen Bennett (Henry Fool), Bruce Soord (The Pineapple Thief), Colin Edwin (Porcupine Tree), Andrew Booker (Sanguine Hum), David Rhodes (Peter Gabriel)) accompagnées d’invités prestigieux (Kit Watkins (Happy The Man/Camel), Ian Anderson (Jethro Tull)) et la production est une fois de plus confiée à Steven Wilson, le Crésus moderne capable de transformer en or tout ce qu’il touche.

Celui-ci prouve une fois de plus que sa réputation n’est pas usurpée, délivrant une production au cordeau rendant justice à tous les instruments. Guitares, claviers, violons, flûtes, basse et batterie bénéficient tous d’un son clair et limpide et les superpositions de couches n’altèrent jamais la clarté du résultat. Et il aurait été dommage qu’une production plus terne ne vienne gâcher ce magnifique album. Car, tuons le suspense, Tim Bowness délivre là sa plus belle œuvre, osant sortir de son douillet cocon atmosphérique pour se frotter à des compositions flirtant avec le progressif. Et le progressif du meilleur niveau, évoquant souvent par ses mélodies alternant puissance et délicatesse, ses arpèges de guitare cristallins, ses plaintes de synthé solitaires, ses volutes de flûte, le plus grand des groupes progressifs, j’ai nommé Genesis. Il suffit d’écouter ‘Worlds Of Yesterday’ (où les notes de guitare acoustique sont autant de perles de pluie et les traits de guitare électrique et de clavier des plaintes), ‘Moonshot Manchild’ (le long pont instrumental alternant mouvements dynamiques et planants dans une grande tradition génésienne, les passages aux synthés d’une beauté irréelle à donner le frisson) ou le très réussi ‘You Wanted To Be Seen’ pour s’en convaincre.

Sortant de sa langueur habituelle, Bowness donne un coup de fouet à ses compositions, les dynamisant fréquemment en variant les tempos, bien aidé par une paire rythmique efficace qui donne tout le relief nécessaire. ‘Kill The Pain That's Killing You’ en est le plus bel exemple, introduisant une guitare électrique bavarde et effrontée, vite relayée par des percussions quasi tribales et une basse qui pulse. Tim Bowness est plus "rock" (dans la retenue tout de même) que d’habitude et quitte sa zone de confort pour surprendre avec un titre crimsonien dans l’âme (la présence d’Andrew Keeling, exégète de King Crimson et auteur de plusieurs essais sur sa discographie, y est peut-être pour quelque chose ?).

Et même quand il revient à un style plus atmosphérique, doux et mélancolique, la beauté des mélodies et la pureté des arrangements parviennent sans difficulté à maintenir éveillée l’attention de l’auditeur. Seul ‘You'll Be The Silence’, malgré une introduction très réussie, s’avère trop long pour le thème un peu répétitif qu’il égrène. À l’inverse, le court titre éponyme est un modèle d’ambiance décharnée, à la fois inquiétante et féerique, qu’on aurait bien aimé voir se prolonger.

En mélangeant progressif et atmosphérique, en insufflant un certain dynamisme à ses compositions et en sortant du cercle vicieux couplet-refrain grâce à de superbes digressions instrumentales, Tim Bowness a su se renouveler et surprendre l’auditeur avec ce bien bel album.


Plus d'information sur http://www.timbowness.co.uk/





LISTE DES PISTES:
01. Worlds Of Yesterday (05:41)
02. Moonshot Manchild (08:58)
03. Kill The Pain That's Killing You (03:44)
04. Nowhere Good To Go (04:46)
05. You'll Be The Silence (09:01)
06. Lost In The Ghost Light (01:40)
07. You Wanted To Be Seen (05:32)
08. Distant Summers (04:06)

FORMATION:
Andrew Booker: Batterie (3,4,7,8)
Bruce Soord: Guitares / Choeurs (1)
Colin Edwin: Basse
Hux Nettermalm: Batterie (1,2,5)
Stephen Bennett: Guitares / Claviers
Tim Bowness: Chant / Claviers / Choeurs
Andrew Keeling: Invité / Flûte (3,4,5) / Guitare Acoustique (4) / Arrangements De Cordes (3,4,5)
Charlotte Dowding: Invité / Violon (3,4,5)
David Rhodes: Invité / Guitare (3)
Ian Anderson: Invité / Flûte (8)
Kit Watkins: Invité / Flûte (1,6) / Waterphone (6)
Pete Smith: Invité / Basse (7)
Steve Bingham: Invité / Violon (7,8)
   
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