En 28 ans de carrière, Thunder est passé par tous les états, se séparant puis se reformant à plusieurs reprises, connaissant un succès énorme au Royaume-Uni mais restant méconnu en Europe. Ce qui n'a jamais changé, c'est leur énergie, leur plaisir de jouer et la qualité mélodique de leur hard rock très british. Alors quand une nouvelle offrande de Thunder débarque, en l'occurrence ce "Rip It Up" début 2017, l'impatience de pousser le bouton "play" démange les phalanges.
Cette excitation est malgré tout teintée d'une légère appréhension car le "Bang" de 2009 n'avait pas transcendé les fans, la faute à un épuisement perceptible du groupe aux manettes de son propre label. Désormais retourné sous la houlette d'une grosse écurie, Thunder avait sorti un encourageant "Wonder Days" en 2015 et revient en pleine forme avec un "Rip It Up" qui en est l'expression la plus parlante. En effet, la dernière livraison de Luke Morley reprend la recette magique du Thunder des grandes heures du groupe avec des brûlots hard rock aux mélodies imparables ('The Chosen One', 'Shake Down'), aux guitares acérées et virevoltantes ('Heartbreak Hurricane') et à l'inspiration retrouvée de son cerveau créatif.
Les Anglais se sont également bâti une réputation grâce à des titres plus doux, des ballades bluesy sur lesquelles l'écriture de Morley et la voix puissante de Dany Bowes, souvent comparé à juste titre à Robert Plant, font merveille. Ce dernier opus ne rompt pas cette tradition et pousse même l'exercice encore plus loin avec une ballade exemplaire 'Right From The Start' ou un blues lancinant et entêtant, le superbe 'In Another Life'. Les soli de Luke Morley faisant décoller encore un peu plus ces deux derniers titres. Mention spéciale également à 'The Chosen One', mid-tempo hard rock dans la plus pure tradition du groupe avec ses nombreuses guitares qui appuient les refrains et couplets avec des phases rythmiques entraînantes rappelant le travail qui avait fait le succès de "The Magnifient Seven" en 2005.
Si certains titres sont moins immédiats et l'entame de l'album un peu poussive avec l'éponyme 'Rip It Up' ou l'introductif 'No One Gets Out Alive', le plaisir des musiciens transpire de chaque titre. Leur osmose est perceptible tout au long de l'exercice et l'euphorie est communicative. Les titres blues-rock s'enchaînent en fin d'album et les riffs ronflants font taper du pied sur 'Tumbling Down' avec son intro en clin d'œil à Roger Daltrey, ou secouer la tête sur 'The Enemy Inside'.
Thunder fait ce qu'il sait faire de mieux - du hard rock à l'anglaise -, et leur patte, immédiatement reconnaissable, est toujours bien présente. Les cinq Anglais ne réinventent rien si ce n'est leur histoire qu'ils continuent d'écrire dans la continuité de leur déjà longue carrière. "Rip It Up" est une pierre de plus dans l'édifice sans faille du groupe, une pépite rock qui ravira tous les amateurs de hard et de rock, et qui prendra à coup sûr une dimension supplémentaire en concert.