Fort d'une reconnaissance de plus en plus grande, c'est avec un rythme quasi métronomique que Danko Jones revient en ce début d'année, pour marquer le retour du printemps, avec une nouvelle offrande. Intitulée "Wild Cat", le dessin figurant sur la jaquette s'inspire de l'affiche du film Dick Tracy réalisé en 1990 par Warren Beatty, adaptant une BD des années 30 créé par Chester Gould, à la base violente, sombre et écorchée, mais aussi de l'album "Born Again" de Black Sabbath. En outre, après avoir changé de batteur pendant des années, c'est avec un line up stable que ce nouvel album a été réalisé, confirmant la place de Rich Knox derrière les fûts. Au premier regard, Danko Jones annonce donc d'emblée la couleur, l'album sera rock, sauvage et old school.
Le Canadien essaye d'apporter à chacune de ses productions quelque chose de nouveau, pour ne pas ronronner album après album. En l’occurrence dans cette nouvelle livraison, la touche apportée est quelque peu retro avec une musique aux effluves d'un bon vieux rock d'antan, celui des années 70 et 80, celui de ZZ Top, celui de Motörhead. Danko Jones n'aime pas tergiverser, sa musique est directe et sans fioriture. Ainsi l'auditeur s'embarque dans une voiture de course lancée à toute allure. Il passe du 0 au 200 km/h dès les premières secondes qui introduisent le bien nommé 'I Gotta Rock', hymne hommage au rock’n’roll, classique mais diablement entêtant. Les femmes sont bien sûr au cœur des thèmes développés par Danko comme dans le festif 'My Little RnR' poussé par ses ha-ha-ha qui ne laissent aucun doute sur le message transmis, dans l'ambiance rock façon Thin Lizzy de 'Your My Woman' qui pourrait s'écouter en s'imaginant sillonner les route de l'ouest américain dans une décapotable, ou bien les suggestifs 'She Likes It' et 'Success In Bed'. Il livre, à sa manière, des chansons d'amour comme sur l'endiablé 'Diamond Lady'. Cette atmosphère relativement rétro est également présente dans le speed 'Wild Cat' aux sonorités de guitare qui fait penser à celle de Joe Perry et dans lequel il fait preuve d'un débit impressionnant de paroles souvent propre au rap qu'il apprécie (cette remarque est encore plus justifiée sur 'Let's Start Dancing'). Tout l'album est une sorte de dédicace aux illustres aînés qui ont pu influencer Danko Jones. Chaque titre de "Wild Cat" est une perle hard rock qui pourrait figurer parmi la liste des meilleurs titres des groupes qu'il admire.
Dans cette démarche, il pilote sa guitare aux multiples variations en délivrant des riffs primaires et accrocheurs qu'il complète de soli courts mais toujours bien trouvés. Il est épaulé par Rich Knox, désormais bien intégré au groupe, dont la frappe lourde et nuancée prend de plus en plus d'importance au sein du trio soutenu par la basse vrombissante de John Calabrese. En outre, Danko démontre qu'il est l'un des tous meilleurs chanteurs de la scène rock actuelle, avec une voix puissante, rauque, éraillée et rapide. De cette osmose naît le sentiment d'un album de groupe soudé par cette stabilité. Cette impression s'illustre par le titre 'Do This Every Night' dans lequel le combo déclare sa motivation pour la scène.
Voilà donc un album d'une belle authenticité, aux fragrances d'un vieux cuir usé, gonflé à la testostérone, un cri d'amour au rock'n'roll, aux femmes, au live, le tout sans aucun temps mort. Il n'y a rien de révolutionnaire, de précurseur, d'expérimental dans cet album mais ce n'est pas l'objectif. Par contre, il vous en met plein les oreilles, vous les décrasse et vous file la niaque, vous donne le sourire tout en vous faisant taper du pied et bouger la tête de haut en bas. Au final, c'est bien là l'essentiel.