Deux ans après le très réussi "Be", album le plus personnel, le plus abouti et pourtant le plus sous-estimé de leur discographie, Salem Hill revient avec un album attendu comme celui qui les fera atteindre enfin une renommée égale aux ténors du genre.
Il faut dire que ce "Mimi's magic moment" a sur le papier de quoi réveiller immédiatement les reflexes pavloviens de tout amateur de progressif : le disque est basé sur seulement quatre compositions dont trois très longues et voit la participation de Neal Morse au chant sur le premier titre, de Fred Schendel de Glass Hammer ainsi que le retour de l'habitué David Ragsdale au violon.
Si les premières écoutes de "Be" laissaient un peu froid, celles de "MMM" sont plutôt déplaisantes. Ce sont les défauts que l'on remarque immédiatement et une fois n'est pas coutume, je commencerai par le principal point négatif du CD à savoir la redondance des mélodies. L'exemple le plus évident est le premier titre "The Joy Gem" qui en 15 minutes dit moins de choses que de nombreux titres du groupe trois fois moins longs. Les 2 mélodies sont plutôt banales et la présence de Neal Morse au chant ne peut que rapprocher ce titre d'un Spock's Beard bien pâle. Cette sur-utilisation de mélodies un peu bateau se retrouve à d'autres moments du CD, comme par exemple sur le final interminable du dernier titre.
Contrairement à "The Joy Gem", le groupe laisse enfin libre cours à son talent sur chacun des trois morceaux suivants et finit par faire complètement oublier ce début bien fade. Tout d'abord, il convient de souligner la très grande place laissée aux développements instrumentaux, ce qui n'avait été le cas précédemment que sur "Sweet hope suite". Elles s'avèrent relativement classiques sur les morceaux 1 et 3 sur lesquelles le violon fait merveille mais sur "All fall down" et "The future me", le groupe se lâche complètement et s'éloigne lors de ces parties de son néo-kansasien. C'est la flute qui sur "All fall down" entraîne le groupe dans des contrées folk-prog encore inexplorées : on croirait entendre Focus ou Jethro Tull.
"The Future Me" débute par une longue intro aux sonorités jazzy qui rappellent The Flower Kings ou The Tangent et certains passages en milieu de morceau renvoient à King Crimson. Ajoutons à cela que Carl Groves reste dans le registre calme qui lui convient le mieux, ne cherchant (presque) jamais à forcer sa voix. Parfaite de bout en bout, elle se fait absolument déchirante sur les deux premières parties de "Stolen by Ghosts" d'une tristesse absolue. D'autre part, le surprenant final de ce pavé de 21 minutes montre que l'on peut échapper aux clichés sans perdre d'efficacité
L'ambiance générale de ce "MMM" est très proche de "Be" et bien que non conceptuel, il semble en être la suite logique. Un peu moins bon globalement que son prédécesseur, il s'avère sûrement plus consensuel. Les quelques moments de grâce balaient aisément les défauts du groupe (et du genre ?) et cet album finira sûrement par emporter l'adhésion de bien des amateurs de prog US.