Sinister est un groupe au nom à faire pâlir d'effroi la ménagère ou les grand-mères qui depuis plus de vingt ans diffuse une musique coriace, violente, sombre, un death oldschool au nihilisme ultime. Avec une régularité surprenante, la formation enfante des vibrations rugueuses de grande qualité et poursuit ainsi son exploration des contrées enharmoniques. Le jusqu'auboustisme de "Cross The Styx" avait cloué certains d'entre nous terrorisés par sa violence crasse et ses ambiances malsaines, ses compositions ramassées à la mystique noire sur lesquelles l'épouvante plane sans-cesse.
Méfiez-vous car la première litanie de "Syncretism" débute de manière progressive, par une montée en puissance presque douce... Une ambiance sombre et glauque se tisse au fil des secondes, sueurs froides qui grimpent le long de l'échine, chœurs grandioses et impies qui plaquent les serviteurs du malin au sol. C'est alors que la guitare délivre des riffs rapides, que la voix et la batterie sautent à pieds joints dans ce maelstrom gluant ('Neurophobic') et finalement que l'ambiance moite bannit définitivement toute lumière de cette galette.
Bien que 'Convulsions of Christ' débute par un magma sonore identique, le final semble vouloir produire des mélodies non cartésiennes, qui seraient comme le pendant obscur de Mortification. Pauvres de nous, nous voilà irrémédiablement noyés sous des tonnes de blast et des couches de guitares épaisses... Puis 'Syncretism', entonne une messe noire gorgée d'un certain symphonisme macabre. Enfin 'Confession 'Before Slaughter' rompt avec la déferlante précédente : le rythme épouse des courbes peut-être moins abruptes et s'ancre dans une version certes toujours pleine de rage, mais beaucoup plus posée et percutante.
"Syncretism" contient son lot d'éléments attendus : blasts incessants, mise en place hyper efficace, accords dissonants, vomissures vocales, blasphèmes et crachats à la face du divin et interventions de six-cordes à faire froid dans le dos... Toutefois, ce disque sans concession est à réserver aux amateurs les plus chevronnés, aux adorateurs de la violence subjugués par la face la plus sombre et la plus haineuse de la musique.