Quand on est Lyonnais, s'appeler GoneZilla, cela ne s'invente pas ! Cela suggère surtout une musique velue et lourde aux entournures. Si son visuel, superbe d'ailleurs, semble confirmer cette promesse plombée, le contenu de "Chimères" vient pourtant quelque peu nuancer cette impression. Non pas que ce premier album se montre avare en riffs bien gras, au contraire, mais ceux qui, peut-être attirés par son nom justement, s'attendent à du bon vieux doom qui tache, en seront pour leurs frais. Du doom, il y en a certes un peu dans ce menu trapu, mais pas que.
De fait, quand vient le moment de devoir coller une étiquette sur le coin de la figure de cette jeune pousse, on se heurte à la difficulté de la définir. Rock alternatif, grunge, stoner, les genres se mélangent en un tourbillon chargé d'énergie et de (bonnes) idées. C'est là la première qualité que GoneZilla peut se targuer de posséder. La seconde réside dans ce chant féminin, celui de Céline, véritable front-woman de charme et de puissance, dont les lignes vocales, souvent haut perchées ('L'ombre Portée' malheureusement entaché par une présence masculine qui ne s'imposait pas), viennent brouiller une signature qui n'est clairement inféodé à aucun style en particulier.
Quoiqu'elles se conjuguent encore avec hésitation à cette musique ultra heavy qu'on imagine plutôt guidée par la langue de Shakespeare, les paroles en français participent toutefois d'une identité déjà affirmée même si elle demande encore à être affinée, ce qui viendra avec le temps et l'expérience, n'en doutons pas. Derrière la belle, les trois autres musiciens abattent un boulot de bûcheron auquel une prise de son trop compressée ne rend pas suffisamment honneur.
C'est d'autant plus dommage que le canevas, dont le maillage est épais comme des câbles à haute tension, donne vie à des compos aussi acérées que trapues, irriguées par des lignes de guitares, tour à tour foreuses massives grattant la terre ou pinceaux servant à peindre d'envoûtantes mélodies, comme l'illustrent 'Para Pysche', que zèbre un solo non dénué de beauté, 'Renais de tes Cendres' dont la sombre entame précède une envolée accrocheuse très grungy ou bien encore 'Inferno', théâtre d'une flamboyante éruption.
Le fond prometteur, la forme encore perfectible définissent un galop d'essai plein de fraîcheur et d'énergie, gravé par un groupe dont on suivra avec intérêt l'évolution.