Beneath
a Godless Sky est
une jeune formation parisienne, qui poursuit sur le sentier défriché
par Textures
ou
Periphery. Elle pratique ainsi un metal moderne
bourré de rage et de puissance et sort
aujourd'hui son premier EP éponyme.
Avec cet premier effort, Beneath
a Godless Sky prouve qu'il en a sous le capot et peut facilement rivaliser avec les
leaders du style, car la formation mise beaucoup sur l'énergie et la
puissance ou les uppercuts poisseux en plein poire, mais sait aussi
distiller une belle dose de mélodie et d'ambiances brumeuses.
Les guitares sont certes lourdes comme le plomb mais d'une
mise en habit précise : ce jeune groupe a déjà une personnalité
marquée. Ces musiciens veulent en découdre : la batterie
assène des coups de butoir terribles, alors que la voix gronde,
grogne tel un ours mal léché qui libère sa colère. Le chaud et le
froid soufflent donc sur ces plaines arides, sur cette violence ou
graisse et crasse s'unissent en un bal musical endiablé...
La
mise en bouche se fait lentement, comme une mise en abîme au climat
rugueux et étrange ou presque obsédant, quand des sifflements et
les bruits stridents vrillent les oreilles, puis la lourdeur
déboule... Silence et apaisement installent la seconde étape hargneuse de ce voyage acide
('The Wall'), où la guitare délivre des riffs complexes, syncopés
et droits comme des "i" ; la voix y oscille entre
vociférations infernales et imprécations propres à soulever les
foules. Les oreilles sont remplies de vibrations épaisses sur
lesquelles la batterie défriche tout sur son passage. Puis surgit
une fausse accalmie, comme pour permettre au groupe de reprendre son souffle et d'éructer encore plus sa haine.
'Divided'
poursuit dans une même voie similaire, si bien que l'on croirait que
c'est la suite du mouvement précédent. Mais une force brute réside
à la fois dans une maîtrise impeccable des riffs syncopés, des
mesures ternaires, des césures rythmiques incessantes, ou de
l'utilisation d'une palette impressionnante de variations vocales :
le chanteur s'y envole dans les cris suraigus ou chute dans les bas-fonds avec des variations caverneuses. Puis 'Broken Streets'
débute par une guitare faussement tranquille, car l'épaisseur
revient à une vitesse supraluminique, les rythmes alternent des
mesures carrées et impaires...
Beneath
a Godless Sky nous
offre une bonne rondelle de djent
et de
metal progressif où cohabitent une multitude de styles : on discerne de-ci de-là des
notes plus hardcore,
parfois même presque death quand
la voix tombe dans les abysses sombres. Ainsi, avec ses compositions
bien ficelées qui font immédiatement penser aux maîtres du genre,
la formation recevra les suffrages à la fois des amateurs de
partitions étudiées mais aussi de mélodies complexes, car ce
dernier élément est l'aspect le plus essentiel, le plus vital de
cet opus.