Sinner nous propose en cette année de grâce 2017 son dix-huitième album depuis 1982. Cette moyenne d'un album tous les deux ans depuis 35 ans fait du groupe un prétendant on ne peut plus évident au podium des groupes prolifiques à forte longévité. Le groupe allemand, mené par l’inusable et insatiable Matt Sinner, a traversé les époques en variant les plaisirs, passant allègrement et dans le désordre du hard rock au metal, du heavy speed au glam metal et du heavy metal aux sonorités d’aujourd’hui… celles de Thin Lizzy.
Le frontman entraîne en effet ses collègues issus majoritairement de ses autres groupes Primal Fear, Silent Force et Voodoo Circle, vers les contrées musicales de Phil Lynott sur ce "Tequila Suicide" qui sonne plus Thin Lizzy que le Black Star Riders de Scott Gorham ! Pas étonnant du coup que Ricky Warwick, le vocaliste de ces derniers, vienne épauler Matt Sinner dont la voix n’est également pas aux antipodes de celle du célèbre chanteur. Son compatriote Dennis Ward produit l’opus à sa façon, c'est-à-dire "loud & clear". Quant aux guitaristes Gus G (Ozzy Osbourne et Firewind) et Magnus Karlson (Primal Fear, Allen/Lande, Place Vendome), ils viennent compléter l’équipe en guest stars. Du beau monde donc, pour un bel album.
En effet, ce "Tequila Suicide" est pétri de qualités pour peu que l’on ne soit pas réfractaire à Thin Lizzy. Car la ressemblance est hallucinante et on ne peut que se féliciter d’entendre à nouveau ces sonorités musclées et gorgées de mélodies. Bien plus proche du grand modèle que de Black Star Riders, Sinner propose ici vraisemblablement le meilleur opus de son catalogue. Particulièrement dynamique et assurément porté vers un évident effort de séduction mélodique, cet opus de dix titres d’où n’émerge aucune faiblesse vous ramènera quelques années en arrière à l’époque où la bande à Lynott avait décidé de muscler son jeu lors de la sortie de son œuvre finale "Thunder And Lightning".
Que les fans de Lizzy ne passent surtout pas à côté de ce "Tequila Suicide", ils manqueraient l’occasion unique de faire un bond réjouissant dans le passé à l’écoute d’un opus aussi proche des productions de leurs idoles.