"War Of Dragons" est le titre du déjà septième album des Suédois de Bloodbound, réalisé trois ans après un "Stormborn" de bonne facture bien que trop marqué du sceau de ses influences. Il ne fait désormais aucun doute que la scène nordique européenne constitue l'un des berceaux du hard rock symphonique conteur d'histoires d'heroic fantasy propre à sa culture. L'artwork d'ailleurs ne trompe pas l'auditeur et campe d'emblée le propos évoqué tout le long de cet album au nom évocateur.
Pour parfaire le concept épique, le combo suédois s'appuie donc sur son travail précédent accentuant ses quelques incursions dans un heavy speed, aidé en ce sens par la double pédale de Pelle Akerling. C'est donc après une brève introduction, récitée par un conteur à la voix grave toutefois maintes fois entendue, que 'Battle In The Sky' pose ainsi, sur un rythme fou, les jalons de cette histoire de Donjons et Dragons. Cependant, l'album semble hésiter entre verser dans le symphonisme à la Rhapsody Of Fire, le lyrisme et les moyens en moins, et le hard mélodique dans la veine d'Accept ou Iron Maiden. La suite le démontre car le côté speed est mis de côté au profit d'un heavy mélodique sans grosse surprise, aux refrains toutefois accrocheurs et aux couplets rageurs, chantés un peu à la manière de Bruce Dickinson, soutenu par des chœurs, notamment sur 'Tears Of A Dragonheart' ou 'War Of Dragons' très Maiden. De cet atermoiement naît un sentiment frustrant que le concept développé ne va pas jusqu'au bout de la démarche, donnant l'image d'un groupe qui cherche à plaire au plus grand nombre en perdant en cohérence.
Les claviers jouent un rôle important pour apporter à cette musique la dramaturgie que réclame l'histoire. Sur ce point, l'intelligence du groupe, conscient de certaines limites en termes de ressources, est à souligner, en tirant notamment le maximum des sons synthétiques orchestraux. Les atmosphères lorgnent parfois vers Nightwish, notamment sur 'Silver Wings' et son petit côté celtisant qui rappelle les derniers albums des Finlandais. Vers la fin, des titres plus rapides tels que 'Guardian At Heaven's Gate' ou 'Symphony Santa' arrivent pour accentuer l'effet narratif de l'histoire jusqu'au combat final. Mais au terme de l'album, aucun ne tire réellement son épingle du jeu. Tout est certes bien fait sans que toutefois l'écoute ne permette de dégager une partie émergente.
Dans l'ensemble, les guitares rythmique et soliste se relayent de manière classique alternant les soli nerveux et riffs primaires rapides mais un peu singuliers, soulignés par une rythmique martiale collant au concept guerrier. Les lignes de chant sont bien exécutées sans être forcées tout en manquant légèrement de coffre.
Au final, l'écoute de "War Of Dragons" pourrait s'avérer frustrante en raison de ces errances entre le speed symphonique et un heavy mélodique manquant encore de personnalité. Bloodbound réussit cependant à éviter les clichés qui peuvent coller au genre avec un album assez facile d'accès, au concept éculé mais qui peut être considéré comme une porte d'entrée à ceux qui voudraient découvrir ce style.