Après un premier album paru en 2014 ("Rêve d’un Monde en Apnée") ayant fait bonne impression au sein de Music Waves, les Français de Coda reviennent aujourd’hui avec leur second opus, "Element II". Si "Rêve d’un Monde en Apnée" tournait autour d’un concept basé sur les bons et mauvais penchants de la nature humaine, "Element II" file une métaphore sur le thème de l’eau comme le laisse deviner la plupart des titres.
Si les critiques de "Rêve d’un Monde en Apnée" s’accordent toutes à définir sa musique comme un mélange de rock progressif et de post rock, cette impression est beaucoup moins prégnante sur son successeur. Il faut dire que Coda a subi un changement important de line-up. Stéphane Mougin, chanteur et claviériste, et l’un des membres les plus influencés par le progressif des années 70, a quitté le groupe avant la fin de l’enregistrement de l’album. Ce départ a eu deux conséquences, l’une étant l’évolution des compositions vers un horizon plus rock, l’autre de laisser la place de chanteur à Yohan Quillet qui joue également de la guitare et des instruments à vent.
A ce propos, parlons tout de suite de la chose qui fâche. Tout album a son talon d’Achille, celui de "Element II" réside incontestablement dans le chant. Si celui-ci est juste, il est malheureusement bien neutre, peu charismatique et paraissant même parfois un peu forcé (le début de ‘Pluie’), mettant insuffisamment en valeur les textes poétiques de Claire Paturet et Philippe Fourtanier.
Fort heureusement, le chant tient une place assez limitée, les titres chantés laissant beaucoup d’espace à la musique et trois morceaux (‘Coelacanthe’, ‘Chimères’ et ‘Abysses’) étant entièrement instrumentaux. Or Coda excelle à créer des mélodies à la fois rêveuses et inquiétantes, captivant l’auditeur et lui laissant en tête une impression onirique. La musique tourne plus en boucle qu’elle ne progresse mais, loin de sombrer dans une répétitivité monotone, elle évolue sans cesse par petites touches insensibles qui tiennent éveillé l’intérêt de l’auditeur.
Les compositions mélangent le rock planant allemand des années 70, à la Tangerine Dream (‘Coelacanthe’, l’excellent ‘Abysses’) au prog old school (‘Pluie’, ‘Goutte’, un epic parfois longuet mais dont l’introduction au piano fait penser aux ‘Noces’ d’Ange), en passant par un rock plus nerveux et moderne (‘Hyperbole’, ‘Léviathan’). Les mélodies trouvent un juste équilibre entre le beau dynamisme qu’insuffle souvent la section rythmique et un côté planant porté par les nappes éthérées des claviers et les arpèges délicats des guitares. Les instruments à vent apportent quant à eux une touche parfois orientale (‘Coelacanthe’), souvent sombre voire inquiétante, impression qui se voit renforcée par les riffs lourds des guitares.
Les musiciens introduisent beaucoup de variations dans leur jeu, l’une des forces du groupe résidant dans cette faculté à maîtriser l’art des nuances, une autre se cherchant dans la finesse des transitions qui nous font passer d’un titre à l’autre. Malgré la légère frustration engendrée par le chant, "Element II" recèle de bien belles qualités à découvrir au travers d’une musique à la fois variée et cohérente.