Deux ans après la sortie du délicieux ''G.O.D.'' (à en juger sa pochette culinaire), les Provençaux de Leks Inc. poursuivent leur petite entreprise d'industrialisation de metal. La nouvelle production, ainsi que le précédent album, piège l'auditeur avec des abréviations qui diffèrent de leur sens originel. ''A.I.D.S.'' ne parlera pas de sida, mais d' ''All Infamous Daddy's Secrets''. L'idée du concept serait née alors que le leader du groupe était isolé en plein traitement d'une maladie qui le dévorait.
Glauque est le premier mot qui nous vient à l'esprit lorsque nous contemplons l'artwork plutôt évocateur de la pochette tourné vers le cinéma alternatif. Leks Inc. peut se vanter d'avoir placé le réceptacle au même niveau que le contenu. Les secrets de papa n'ont rien de truculents, et l'heure n'est plus au fou-rire. La musique torturée de Leks Inc. rentre dans les rangs du metal industriel. Assez proche vocalement de Marilyn Manson sur 'Beautiful Day To Die' ou 'Don't Call Me Babydoll', le chanteur s'en démarque ailleurs par son chant syncopé et survitaminé ('Mums Breaks My Ass'). Les guitares sont tranchantes et froides (légèrement plus douces sur 'My Worst Foe' ou 'Jump!' qui s'octroie un rapide solo de guitare) tandis que les claviers découpent des pans de mur ouvrant de nouveaux espaces ('Beautiful Day To Die', 'Little Pussy' ou 'Mums Breaks My Ass', véritables laboratoires sonores) et apportent une atmosphère glaciale aux compositions.
L'apport d'une voix féminine permet de coller au concept malsain (sur le titre éponyme), mais ajoute une dimension plus romantique qui coupe avec les ténèbres : la voix de Lola culmine sur 'Don't Call Me Babydoll', mais c'est bien avec 'Buried On The Other Side' que l'on trouve une dimension inédite, digne du syndrome de Stockholm. Pendant les couplets, le chant masculin clair et légèrement schizophrène est tempéré par celui lumineux de Lola, en contrepoint, tandis que les refrains se font plus explosifs.
Avec son second album, la production industrielle de Lecks Inc. n'a aucun souci à se faire. Le groupe applique certes une recette connue, mais avec son style et son audace, on peut miser sans nulle crainte ses dollars sur la réussite de ce groupe. Un album au concept éprouvant mais qui se révèle jouissif (est-ce que tous les auditeurs sont des sadiques qui se méconnaissent ?).