S'ils s'étaient fait désirer, laissant filer quatre années entre un "Heiðindómr ok mótgangr" qui avait su remettre leur drakkar à la mer et un "raunijaR" maladroit quoique non dénué de cet éclat nordique si particulier, nous sommes surpris de voir les Norvégiens de retour avec - déjà - un neuvième album, que seules deux petites années séparent de son devancier.
Le fait qu'il ait été, comme ce dernier, capturé au sein des Conclave et Earshot studios, durant une période très proche (entre 2014 et 2016), pourrait laisser penser que "landawarijaR" s'engouffre dans un fjord identique, à la fois toujours aussi abrasif et tranchant tout en sonnant plus atmosphérique sinon évolutif qu'à l'époque, désormais lointaine, où les Vikings se lançaient à l'aventure dans le sillage d'un Enslaved dont on a toujours l'impression qu'ils essayent d'imiter le parcours, le souffle psychédélique et tout simplement le génie en moins, ce que la timide incorporation de voix claires et de kystes quasi progressifs ont pu confirmer.
Reprenant en effet les choses là où les a laissées "raunijaR", ce nouvel opus possède toutefois plus de réussite, plus de charme également. D'une lancinance majestueuse, il atteint ainsi le Valhalla à maintes reprises, entre ce 'Rista blóðørn' que recouvre l'ombre du groupe d'Ivar Bjornsson, pour cette façon dont la guitare s'élève très haut pour tutoyer les cieux et la pièce éponyme longue de presque dix minutes au compteur, nimbée de chœurs galvanisants et elle aussi théâtre de parties de six-cordes belles à pleurer, entre un 'Ouroboros' que lancent des rouleaux de batterie envoûtants qui se fracassent contre une falaise que dresse un riffing glacial et un 'Enda-dagr' que secouent de multiples forces souterraines, à la fois sinueux et franchement progressif dans ses aplats duveteux.
Fidèle à ces lignes abruptes et grésillantes et une prise de son minérale dont il ne se départira sans doute jamais, Helheim démontre encore une fois, à sa mesure, certes modeste, qu'il n'est pas du genre à se répéter, à stagner. Ce faisant, il continue de polir son art, d'expérimenter, quitte à décevoir quelques ayatollahs nostalgiques d'un passé révolu et (plus) brutal. Pourtant, le groupe, toujours emmené par le même triumvirat historique, complété depuis 2008 par le guitariste Reichborn, puise justement son identité - et sa valeur - dans cette faculté à faire évoluer son black pagan dont les atours rocailleux et épiques s'ouvrent sur des horizons de plus en plus entêtants à défaut d'être plongés dans une obscurité éternelle.
Quelques longueurs (sur 'Baklengs inn i Intet') et facilités (l'ouverture de 'Synir') ne grèvent pas ce "landawarijaR" aux allures de tertre granitique, plus massif et puissamment inspiré que son prédécesseur, "raunijaR'.