Les Italiens de Lucid Dream nous reviennent avec leur troisième album studio, "Otherwordly". Seul changement de line-up depuis le précédent, Paolo Raffo, le batteur, a quitté la formation qui, pour le remplacer, s’est adjoint les services d’un autre Paolo, Paolo Tixi, celui-ci ne bénéficiant toutefois pas du statut de membre permanent mais simplement d’invité.
Ce petit bouleversement n’a que peu d’incidence sur le son d’un album qui ne déparera pas la collection des amateurs de ce groupe. Lucid Dream pratique toujours un hard rock "à l’ancienne" de qualité où les guitares se partagent entre riffs puissants et solos véloces sur fond de rythmique lourde et efficace. Les mélodies ont le bon goût d’être suffisamment directes pour accrocher l’oreille dès la première écoute et néanmoins variées, évitant tout décrochage de l’attention. D’autant plus qu’évitant le démon du remplissage, l’album a une durée très raisonnable d’une quarantaine de minutes, largement suffisantes pour satisfaire l’auditeur.
Trait caractéristique et hautement appréciable de la formation, les titres ne se contentent pas d’une structure couplet-refrain-pont pourtant classique dans le monde balisé du hard rock. Lucid Dream aime changer les tempos au sein d’un même morceau et s’essayer à plusieurs riffs. Ainsi ‘Buried Treasure’, véritable titre d’ouverture après le court et presqu’inaudible ‘Intro’, substitue à son premier et lourd riff introductif un second à l’entrée du chant, puis un troisième sur le pont instrumental. Un procédé utilisé en maints endroits (‘Everything Dies’, ‘The Stonehunter’, ‘Magnitudes’, ‘Broken Mirror’) et qui rappelle l’un des pères du hard rock, Led Zeppelin himself, évitant la monotonie et la linéarité souvent attachées au style. Autre point commun avec Led Zeppelin, le chant haut perché d’un Alessio Calandriello très à son aise et parfaitement convaincant n’est pas sans évoquer un certain Robert Plant.
L’album s’articule en deux parties. La première, allant de ‘Buried Treasure’ à ‘The Stonehunter’, joue dans un registre puissant et enlevé, combinant une rythmique pachydermique à des riffs lourds et des solos de guitare rapides (celui de ‘Ring of Power’ n’aurait pas été renié par Ritchie Blackmore). Puis après ‘A Blanket of Stars’, courte pause instrumentale rafraîchissante faite de doux arpèges de guitare servant de conclusion apaisée à ‘The Stonethunter’, la seconde moitié de l’album se fait plus calme, enchaînant deux "fausses" ballades qui, derrière des tonalités apaisées, se laissent aller à de brusques sursauts d’énergie, et un superbe instrumental alternant lui aussi douceur et fureur sur lequel les guitares se taillent la part du lion avant que ne s’invite un violon surprenant pour un final enlevé, confirmant le soin que le groupe apporte à mettre une petite touche d’originalité dans ses compositions.
Aussi efficace que varié, Lucid Dream nous livre avec "Otherwordly" un bien bel album de hard rock tout à la fois seventies et moderne.