Casey Crescendo a pris deux années pour construire et faire paraître le troisième de ses Actes, "Life and Death". Après un deuxième tome en demi-teinte, il a resserré son écriture et affirme sa signature, permettant aux marqueurs de Dear Hunter de se mettre solidement en place.
Le style global est résolument progressif, mais Dear Hunter ne fait pas dans le morceau à rallonge (le titre le plus long n’excède pas 5:30). C’est l’ensemble, qui -par sa variété toute en cohérence ainsi que par ses transitions très bien conduites - sonne très prog, mélangeant les manières, du rock ('Go Get Your Gun' quasiment rockabilly malgré le ton guerrier du texte !) au symphonique ('Life and Death' et son beau final ample), en passant par le simple guitare-voix (’Son’), n’hésitant pas à changer de signature rythmique ou de style au cours d’un titre ('Mustard Gas', au ton épique, a une partie centrale genre musique de cabaret). Pour certains morceaux comme 'He Said He Had a Story', on est surpris de la brièveté du titre en entendant tout ce que Casey Crescenzo a pu mettre dedans : la preuve qu’il est possible de faire du prog court !
Les harmonies vocales ont depuis le début constitué une des bases du style Dear Hunter. L’entame a capella de l’album expose des harmonies vocales complexes ('Writing on the Wall') qui sont souvent très bien intégrées aux morceaux ('Son', 'Saved'…). Casey lui-même a fait des progrès au micro : il est plus dans la nuance ('Saved'), précise sa diction et n’hésite pas à pousser jusqu’au chant hurlé ('In Cauda Venenum'), mais de façon beaucoup plus adaptée que dans l’Act II.
Ce troisième tome voit la partition orchestrale s’étoffer : cuivres (cor, sax, trombone, trompette), bois (clarinette), cordes (violon, violoncelles) et harpe sont de la partie, souvent au service des transitions entre les morceaux, transitions qui jouent un rôle majeur dans l’ambiance générale de l’album. Signalons le retour du frère Nick Crescenzo derrière les fûts : il livre une partition efficace et riche ('What it Means to Be Alone'), beaucoup plus en osmose avec le style du groupe que Sam Dent qui officiait (lourdement) dans l’opus précédent.
L’Act III voit ainsi se souder les éléments qui font la qualité de l’édifice Dear Hunter. Doté d’une constante recherche mélodique, l’ensemble est facilement abordable et recèle moult détails qui se font jour au cours des écoutes. Même s’il ne possède pas encore l’ampleur symphonique des actes suivants, ce "Life and Death" est peut-être le plus épique des cinq actes écrits jusque-là et mérite plus qu’un détour : chaudement recommandé !