Ce qui frappe immédiatement, lorsque l'on a la chance de voir Striker live, c'est cette énergie que les Canadiens transmettent. Véritable Joker multipliant les grimaces et les pauses, Timothy Brown est irrésistible, pendant que son frère ne se départit jamais d'un sourire barrant son visage d'une oreille à l'autre. Le reste du groupe se mettant au diapason, il est impossible de ne pas avoir envie de mieux connaître cette formation qui œuvre déjà depuis 10 ans et propose son cinquième album avec cet opus éponyme. À nouveau produit par Fredrik Nordstrom, le dernier-né est attendu avec curiosité, après un "Stand In The Fire" (2016) qui avait permis au combo d'Edmonton de passer un cap.
En réalité, "Striker" reprend les choses où son prédécesseur les avait laissées. Rien de révolutionnaire donc, mais une marque de fabrique qui continue à faire son effet avec une efficacité sans borne. A ce titre, le début d'album est même une véritable tuerie avec une triplette de bombes à fragmentation dont il est difficile de se relever. Puissant et accrocheur, 'Former Glory' lance la machine sur de bons rails avec ses paroles toujours positives. Il est suivi par un 'Pass Me By' qui ne laisse que des ruines derrière lui après avoir piétiné les plates-bandes d'Anthrax. Double pédale, chœurs virils et shred font de ce titre un brûlot de heavy-thrash sans concession. Et pour ceux qui auraient encore des velléités de résistance, l'hymne en puissance qu'est 'Born To Lose' vient mettre les derniers points sur les 'i' avec son refrain imparable et son solo incendiaire.
Après un tel lancement des hostilités, il faut bien les quelques secondes du court instrumental 'Cheating Death' pour reprendre son souffle. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne faut pas manquer l'occasion car la suite repart pied au plancher pour ne plus ralentir jusqu'à la fin. Et les occasions de se démettre les cervicales ne manquent pas, même si l'excellence du début ne sera plus atteinte. Il n'empêche qu'aucune faiblesse ne vient entacher ce mélange de heavy traditionnel se permettant quelques hommages aux grands anciens avec quelques harmonies dignes d'Iron Maiden ('Over The Top'), des riffs qu'aurait pu utiliser Saxon ('Freedom's Call') ou des montées dans les aiguës semblant sorties de la discographie de Judas Priest ('Curse Of The Dead'). Ces marques de respect ayant le bon goût de se faire de manière parcimonieuse, l'ensemble reste cohérent et d'une puissance ravageuse, et chaque titre en profite pour meurtrir vos articulations et vos neurones au sein desquels ils s’insèrent tels des lames rougeoyantes.
Avec cet opus éponyme, Striker s'impose définitivement comme le leader de la relève d'un heavy metal respectant les traditions sans se scléroser pour autant. A grand coup de refrains imparables, de riffs destructeurs et de soli lumineux, les Canadiens ne peuvent plus être ignorés. Alors que la plupart des grands anciens commencent à montrer les signes d'une fatigue qu'il serait malvenu de leur reprocher, c'est un véritable plaisir de savoir que l'avenir est assuré avec autant de brio.