Mais que se passe-t-il sur les terres septentrionales en cette année 2017 ? La Scandinavie avait déjà pris le pouvoir aux Nord-Américains en matière de hard mélodique et d'AOR depuis plusieurs années, mais il faut reconnaître que le niveau vient de sérieusement s'élever depuis quelques mois. Treat avait donné le coup d'envoi des festivités en 2016 avec son fabuleux "Ghost Of Graceland", et tous les descendants de la légende suédoise semblent se mettre au diapason. Sweet Mary Jane et Age Of Reflection dans un registre plus AOR, et Eclipse pour les mélodies plus musclées, ont tous offert des albums approchant la perfection, et les voici rejoints par les cousins finlandais de One Desire. Formé autour du batteur Ossi Sivula, le super-groupe bénéficie de la bénédiction de Serafino Perugino, patron du label Frontiers et débarque avec son premier opus éponyme.
Il faut dire que cet album a été précédé par le single 'Hurt' qui a créé une attente énorme en raison de son profil de hit en puissance. Avec son riff dynamique à la ritournelle obsédante, ce titre ouvre également les hostilités en mêlant des sonorités typiquement finlandaises à une énergie et des mélodies que ne renieraient pas Eclipse ou H.E.A.T. Les bases sont posées et le reste des titres va suivre à un niveau d'excellence rare pour une première œuvre discographique. Portée par le chant impeccable d'André Linman (Sturm Und Drang) et la guitare inspirée de Jimmy Westerlund, chaque composition se révèle hyper accrocheuse au sein d'un ensemble aussi varié que cohérent. La production est colossale et la section rythmique, qu'Ossi Sivula partage avec le bassiste Jonas Kuhlberg (Cain's Offering, Paul Di'Anno), abat un boulot monstrueux alliant technique et puissance.
Quelques éléments électro sont disséminés par-ci par-là, donnant un côté pop-dance-metal à un 'Love Injection', ou se mariant à un heavy musclé et ravageur digne de Pretty Maids ('Buried Alive'). Les références à d'autres formations ne sont pas rares mais elles se font de manière discrète et participent à la diversité de l'ensemble. L'album réussit la gageure de rester homogène en parcourant des territoires qui vont d'une pop musclée mêlant The Rasmus à Def Leppard le temps d'une ballade ('Fallin' Apart' au refrain mélancolique et envoûtant) à un heavy puissant et mélodique, en passant par des titres rapides et légèrement symphoniques ('Straight Through The Heart'), ou du hard mélodique énergique et entraînant à la Treat ('Turn Back Time', 'Do You Believe ?'). L'atterrissage se fait sur une ballade poignante et délicate dont le refrain emporte tout sur son passage ('This Is Where The Heartbreak Begins') et la messe est dite pour un auditeur en état de dépendance.
Il est rare d'atteindre un tel niveau de perfection, en particulier dans le cadre d'un premier opus et ceci, même si les membres de One Desire ne sont pas des débutants. Les Finlandais emportent l'auditeur sur les sommets du genre et il est ensuite difficile de redescendre de ce nirvana mélodique à l'énergie euphorisante. Après une telle démonstration, le quatuor ne pourra pas échapper à une confirmation aussi bien scénique que discographique. En attendant, passez-vous cette galette en étant bien prévenus que vous aurez du mal à la retirer de votre lecteur avant plusieurs lectures addictives.