Deux ans après
"Armageddonize", la bande à Erik le Suédois refait surface pour le
plus grand bonheur des foules impatientes qui avaient furieusement
craqué sur le cinquième opus des hommes du nord. "Monumentum" est le
nom de l'objet et pour le coup tout le monde espère qu'il porte bien
son nom.
Le frontman, Mister
Martenson pour vous servir, est déjà vraisemblablement devenu
aujourd'hui une des figures de proue du hard rock de la décennie, un
peu comme le fut le pétillant et rassembleur Tobias Sammet (Edguy) par le
passé. Guitariste, compositeur, vocaliste et leader, le blondinet
d'Eclipse développe, au travers de ses compositions et par la vision
qu'il a de la musique, une idée du rock qui ne peut que recueillir adhésions enthousiasmées. Pour lui, un titre efficace est un
titre qui donne envie de brandir son poing levé et de chanter à
tue-tête.
Finalement sa
recette est simple. Il lui suffit de composer des morceaux puissants,
mélodiques, blindés d'énergie avec des refrains qui caressent les
oreilles. Des murs de sons métalliques enveloppés dans des voiles
AOR/pop, une enveloppe easy listening camouflant des morceaux de
shrapnel. Vicieux procédé, efficace résultat. Mais le plus
difficile était de tenir la route sur la durée. Passe encore de se
concentrer sur deux ou trois titres, mais reproduire l'exercice sur
un album entier, c'était une autre paire de manches. Mais des
manches, Eclipse n'en manque pas et les atouts qu'elles contiennent
emmènent les Suédois à réussir de bout en bout ce "Monumentum" et à
en faire le disque le plus abouti de leur carrière.
Martenson prouve ici
qu'il est l'un des meilleurs chanteurs de sa génération, et son jeu
de twins guitares avec son compère Henriksson est porté là à son
apogée. Ça mouline sévère sur la rythmique, quant aux soli, bon
nombre d'entre eux sont carrément addictifs. Question force de frappe, Ulfsted, l'homme à la quatre cordes, a trouvé en Crusner le nouveau
batteur un complice de choix, les deux marteleurs s'acharnant
gaillardement à dynamiser l'ambiance.
Les morceaux
s’enchaînent sans l'once d'une faiblesse et vous percutent les
neurones de mille façons. Tenter un titre-à-titre dans cette
frénésie de hits serait une absurdité. On en viendrait presque à
penser que ces gars-là ont envie que leur musique devienne la
bande-son des meilleurs moments de la vie de leurs fans.
Un album brillant, une
fois de plus, et désormais un unique mot d'ordre : rise
your horns to the Eclipse !