JPL, c'est bien entendu Jean-Pierre Louveton qui, après une dizaine d'albums avec Nemo, est reparti dans une carrière solo concrétisée par la parution de "MMXIV". Après une parenthèse consacrée au deuxième volume de ses "Rétrospections", place désormais à la suite des aventures du guitariste avec la sortie en ce début 2017 du très attendu "Livre Blanc", une nouvelle fois magnifiquement illustré par Stan W. Decker.
Pour ce nouvel opus, et contrairement à son prédécesseur, JPL a fait appel à deux véritables batteurs pour l'accompagner sur la plupart des huit titres qui composent l'album ; pas vraiment des inconnus puisque l'on retrouve derrière les fûts JB Itier, batteur de Nemo, et Ludovic Moro, celui de Wolfspring. Ce choix donne une incroyable assise rythmique aux titres concernés, la plage d'ouverture étant notamment une véritable démonstration de toute la subtilité du jeu du premier nommé. D'ailleurs, cette entame ('Un Livre Ouvert', 'L'Ermite') renvoie l'auditeur vers les paysages arpentés jadis par Nemo sur "Prélude à la Ruine" : le progressif est technique, plein de rebondissements, avec bien entendu une (voire deux) guitare(s) intervenant au premier plan, mais sans jamais franchir la ligne qui mène au metal. Le résultat est tout simplement un sans-faute, confirmé par la suite par 'La Peste et le Choléra', ou encore l'epic 'Jehanne', pour lesquels la touche repeat sera très certainement activée par nombre d'entre nous tant leur richesse et leur force s'avèrent redoutables.
Mais le respect d'une certaine tradition n'empêche bien sûr pas JPL d'emmener l'auditeur vers d'autres contrées, d'autres univers. Ceux-ci prennent par exemple la forme d'un superbe duo acoustique avec Dominique Léonetti (Lazuli), ou encore celle de 'L'Etoile du Nord', morceau poignant s'il en est, avec un mélange réussi de parties intimistes et de chorus électriques. Mais c'est aussi 'Joker', porté par la voix rugueuse de Stef Honde, qui commence par dérouler une première partie de haute volée, où JPL se montre l'égal d'un Satriani, avant que le morceau ne vienne flirter avec un blues-hard façon Deep Purple.
Seul (très) léger bémol à cette partition quasi sans-faute, 'Convoléances' dont le caractère dépouillé et les sonorités choisies (claviers un peu kitsch, batterie programmée) tranchent quelque peu avec le reste, pour donner au final une impression mitigée.
Un mot pour finir sur les textes, conviant et dénonçant à tour de vers nationalismes, extrémismes en tous genres ou encore abus de religiosité. Notre homme est en colère, et nul doute que le contexte actuel n'est pas fait pour le calmer. Les attaques sont portées sous forme d'ellipses, mais n'en restent pas moins criantes de vérité.
Une nouvelle fois, Jean-Pierre Louveton nous régale d'une véritable offrande musicale. Riche, varié, et de surcroît interprété avec une maestria remarquable, "Le Livre Blanc" mérite tout simplement de se poser en album de chevet de chaque amateur de rock progressif, voire de rock tout simplement. Probablement sa meilleure production depuis "Barbares" (avis qui n'engage bien entendu que l'auteur de ces lignes).