ELTON JOHN: Elton John (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Dix mois seulement séparent “Empty Sky” du deuxième album baptisé tout simplement “Elton John”. Et pourtant ces deux disques semblent avoir été enregistrés à des années d’écart tant ils sont différents. Si le duo John/Taupin a déjà montré des qualités d’écriture sur "Empty Sky", il lui manquait un producteur sachant les mettre en valeur. Sa rencontre avec Gus Dudgeon va combler cette lacune.

Gus Dudgeon n’est pas un novice de la production. Il vient notamment de produire le ‘Space Oddity’ de David Bowie. Dudgeon va substituer à la production dilettante et "amateur" du premier album une mécanique parfaitement huilée qui va admirablement servir la musique d’Elton John, mêlant subtilement instruments électriques et acoustiques, enrichissant les mélodies de nombreuses mais discrètes orchestrations arrangées par Paul Buckmaster.

Dans un tel écrin, les compositions raffinées d’Elton John brillent de mille éclats. Celui-ci a resserré son écriture, balayant les tentations psychédéliques et les mauvais collages de "Empty Sky" pour revenir à l’essentiel, des chansons au format couplet-refrain sans malice mais avec une qualité d’écriture qui force l’admiration. L’atmosphère est à la mélancolie et l’album réserve une large place aux ballades romantiques mais jamais mièvres : ‘Your Song’, ‘I Need You to Turn To’ sur lequel Elton John retrouve son clavecin, ‘First Episode at Hienton’ injustement méconnu, ‘Border Song’ et ses chœurs gospel et de Noël, et les plus ambitieux et très orchestraux ‘Sixty Years On’, ‘The King Must Die’ et ‘The Greatest Discovery’.

Ce dernier titre est d’ailleurs un modèle de construction représentatif du génie du trio John/Taupin/Dudgeon : le morceau est introduit par l’orchestre symphonique et un violon solo auxquels succède une harpe. Puis, insensiblement, les instruments électriques s’installent avant d’être à leur tour éclipsés par un piano solo. Enfin l’orchestre symphonique fait son retour pour clore le titre, le tout avec une fluidité admirable.

Elton John s’en donne à cœur joie derrière son piano, chantant avec conviction et beaucoup de sensibilité. Il est vrai que le charme des mélodies qui s’enchaînent incite à l’empathie. On dit souvent que le deuxième disque est celui de la confirmation : Elton John passe l’épreuve haut la main, délivrant un disque remarquable qui va lui ouvrir le cœur du grand public et les portes des USA.

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