Il y a des indices qui ne trompent pas. Un visuel abyssal signé Paolo Girardi (Inquisition) et ce nom, "Mass Grave", qui résonne comme un appel suffocant venu des ténèbres les plus sinistres, suffisent ainsi à enraciner dans une roche aussi malsaine que mortifère le décor de ce nouvel effort - le quatrième déjà - de Hierophant.
Comme souvent avec les Italiens (ce n'est pas un reproche), le groupe n'invente sans doute rien, témoins les premières mesures du titre éponyme aux allures du "South Of Heaven" de Slayer, ce qui ne l'empêche pas de marteler avec une puissance retorse pendant à peine trente minutes viciées et pesantes comme une chape de plomb un death granitique, bouillonnant d'une négativité corrosive. L'album enfile dix titres à la vitesse d'un cheval au galop, fiévreux et tendu comme un vît gonflé d'une semence grumeleuse. Certains d'entre eux, tels que 'Execution Of Mankind' ou bien 'Crematorium', ne franchissent même pas la barre des deux minutes au compteur, gage d'une brutalité épidermique.
Pourtant, le quatuor de Ravenne ne se montre jamais aussi terrifiant que lorsqu'il serre le frein à main, perforant cette trame tumultueuse de lourds mid-tempos, pour s'abîmer corps et âme (surtout) dans les entrailles infernales d'une cavité cyclopéenne, épousant alors les traits abrupts d'un doom death minéral. Le pétrifié 'Sentenced To Death' et plus encore le terminal 'Eternal Void', apothéose de l'écoute aux allures de gouffre vertigineux, s'enfoncent dans les tranchées morbides d'un Asphyx dernière période, aidés par le chant du guitariste Lorenzo Gulminelli, cendreux comme celui de Martin van Drunen.
Annonçant une durée longue de plus de onze minutes au jus, il est toutefois dommage que cette lente marche funèbre crépite en réalité aux deux tiers de miasmes bruitistes aux confins de la harsh noise qui, si ils se fondent parfaitement de par leur nocivité dans cette masse cataclysmique, viennent freiner l'espoir de vivre une descente aux enfers d'une démesure sentencieuse, relative faiblesse qui ne grève cependant à aucun moment la puissance implacable de ce méfait qui vibre d'une intensité visqueuse.
S'il ne masque pas ses influences, Hierophant accouche néanmoins d'un opus massif, techniquement irréprochable auquel il ne manque donc qu'un peu de personnalité.