Nous nous étions un peu emballés à l'issue de la chronique du premier album de Art Of Anarchy en supposant que la qualité de celui-ci n'encourageait pas à tenter une deuxième fois l'expérience. C'était sans compter sur la persévérance des Américains à repartir dans l'aventure après un "Art Of Anarchy" assez décevant sorti dans un contexte un peu houleux et suivi de la tragédie survenue à leur chanteur Scott Weiland. Pour lui succéder, Ron Thal et consorts sont allés chercher Scott Stapp, le chanteur de Creed qui avait un peu disparu des écrans radar depuis la fin de la formation emmenée par Mark Tremonti en 2003.
L'arrivée de Stapp est une nouvelle intéressante de par les prestations solides qu'il a délivrées dans Creed et qui va dans le sens que ce que l'on avait perçu comme influences de certaines compositions de "Art Of Anarchy". En écrivant les paroles de "The Madness", Scott Stapp intègre le collectif de la meilleure manière et s'investit totalement dans un groupe qui apparaît comme très concerné. "The Madness" est bien plus cohérent que son prédécesseur en gardant un cap identifié en rapport avec les différentes formations d'origine des musiciens, ce qui l'emmène vers un metal assez classique, à la fois mélodique et puissant, qui a à voir avec cette scène heavy et alternative-grunge des années 90 dont Guns N' Roses et Creed furent des représentants.
Art Of Anarchy a recentré son écriture sur l'essentiel et propose des titres directs, efficaces et facilement mémorisables qui font la part belle aux refrains entêtants et aux mélodies immédiates. L'orientation hard-rock du groupe, sur notamment '1000 Degrees' et 'Dancing With The Devil' est parfaitement complétée par la pulsion rageuse et les riffs incandescents qui jaillissent des morceaux plus grunge ('A Light In Me' et 'No Surrender'). La patte Creed est audible plus particulièrement sur les mid-tempi tous réussis comme 'Changed Man' ou 'Somber'. Le reste de "The Madness" oscille entre ces deux pôles avec des compositions de qualité (notamment l'excellent 'Won't Let You Down' et Afterburn' qui clôt l'album sur une note originale) qui confirment que la voie empruntée ici par Art Of Anarchy, et qu'il cherchait encore à l'occasion du premier album, est celle qui lui convient le mieux.
La vitalité au sein du groupe s'entend dans les prestations justes et équilibrées des musiciens chacun dans leur spécialité et ensemble dans les chœurs qui agrémentent les compositions et appuient les chants impeccables de Scott Stapp ('Won't Let You Down' ou 'Dancing With The Devil'). Signe qui ne trompe pas, le charismatique guitariste Ron Thal s'exprime de manière bien plus personnelle sur ce disque qu'il n'avait pu le faire fin 2015, tout en partageant la vedette avec son compère Jon Votta, et en proposant des soli qui lui ressemblent vraiment, c'est-à-dire tour à tour déjantés sur 'Won't Let You Down' et "Afterburn" ou généreux et mélodiques sur 'Somber' ou 'Echo Of A Scream'.
Un peu plus d'un an après "Art Of Anarchy" le quintet revient avec un album bien construit et convaincant qui permet de nourrir de beaux espoirs pour la suite. Grâce à la dynamique collective vertueuse qui transparaît de ce "The Madness", les talents individuels sont mis au service de la musique de cette formation qui, sur le papier, a tout pour percer. Art Of Anarchy a survécu là où d'autres auraient jeté l'éponge. Il faut saluer le sursaut et la volonté de ces musiciens d'avoir persévéré et fait les bons choix, avec l'arrivée de Scott Stapp et l'orientation artistique tranchée dans "The Madness", pour revenir et faire mentir les pronostics les plus défaitistes.