En 2014, Adam Warne signait son premier projet solo sous le nom de Synaesthesia, fortement influencé par IQ. Au crépuscule de l'année 2015, notre multi-instrumentiste décide de changer le patronyme de son groupe en Kyros (entre autres, en raison de la séparation à l'amiable d'avec le guitariste Nikolas Jon Aarland, co-fondateur de Synaesthesia). Ce changement aura-t-il une influence sur la musique du groupe ?
Après une longue gestation, le double album ''Vox Humana'' n'a pas éparpillé les cendres de Synaesthesia. Les influences du néo-prog (IQ, Marillion) ou du revival prog des années 90 (Frost, Spock's Beard) restent fortement prégnantes, D'inquiétants arpèges analogiques de claviers façonnent des atmosphères inquiétantes dans lesquelles fulminent des guitares hard ('Technology Killed The Kids II', 'Mind Electric', 'Boiling Point'). La critique d'un funeste ''déjà-vu'' ne sera pas pour autant esquissée car Adam Warne et son lieutenant Samuel Higgins ont suffisamment d'idées pour évoluer en dehors des sentiers battus, se retrouvant à la croisée des genres prog, hard (pour la petite histoire, Raymond Hearne, le batteur d' Haken est venu prêter main-forte au groupe), atmosphérique voire pop. L'une des grandes réussites est sans nulle doute cette merveille de pop sophistiquée 'Cloudburst', avec son chant cajoleur, qui justifie l'achat de l'album.
Malheureusement, la longueur démesurée de l'album, même répartie sur deux CDs, empêche l'adhésion complète de l'auditeur. Cet assemblage de petites pistes (aucune ne dépasse 9 minutes) s'éternise plus que nécessaire ('Persistence Of Perfection' qui ressemble à une version bis de 'Cloudburst', alors que le chant de 'New Paradigm' s'étire sans raison apparente) et déséquilibre la cohérence de l'album. En outre, le second CD fait pâle figure, et donne à quelques exceptions près ('The Darkness Grove' et sa rythmique hypnotique), l'impression de faire doublon, voire de ne pas bénéficier de véritable direction. Il faudrait rappeler que lors de l'âge d'or du rock progressif, les albums savaient être brefs et ne s'aventuraient guère au-delà d'une heure d'écoute.
Synaestesia est mort, vive Kyros? Avec ce double-album, le groupe s'est abreuvé à une fontaine de jouvence et nous offre ce qui apparaîtra comme une aventure épique pour une poignée d'happy few mais aura plutôt le goût d'un indigeste gâteau pour les autres, le second album alourdissant un ensemble qui peine à convaincre. Le groupe va devoir faire un effort de synthèse pour captiver l'auditeur.