Après avoir été un quasi projet solo de Jean-Pierre Schenk le temps de quatre albums, Metamorphosis se présente désormais comme un véritable groupe composé de cinq musiciens au sein duquel le géniteur se consacre désormais au seul chant. Après un galop d'essai concrétisé par la sortie d'un EP en 2011, "The Turning Point" vient, sept années après l'excellent "Dark", concrétiser cette nouvelle formation.
"Dark" avait constitué un premier virage dans la discographie de Metamorphosis, conduisant le néo-prog quelque peu vaporeux des premiers albums vers un propos un peu plus musclé, lorgnant vers les travaux de Steven Wilson mais sans franchir la ligne rouge qui conduit vers le metal. "The Turning Point" continue dans cette voie, avec une rythmique bien en place qui balise les huit compositions, mais toujours au service de mélodies travaillées et ô combien lumineuses lorsque la guitare d'Olivier Guenat se met en action. Cette assise donne ainsi une densité admirable à chaque morceau, l'auditeur se retrouvant littéralement happé par cet univers produisant un spectre sonore tour à tour transpercé de fulgurances de guitare rythmique avant d'être subitement enluminé par un solo à se damner (quelle dextérité !), le tout enrobé de claviers planants typiquement néo, se teintant par moment de sonorités à la Clepsydra, cousinage de bon-aloi probablement !
Magnifique démonstration de toutes ces facettes, 'The Turning Point' enchaîne ainsi l'auditeur durant plus de sept minutes au point de déclencher une véritable addiction à peine ternie par une voix à la production limite désinvolte. Et s'il arrive que le propos se durcisse vraiment ('What Do I Know', 'Nobody's No One'), c'est plutôt à l'image d'un Michael Sadler (Saga) exprimant une certaine rage au travers de riffs de guitare bien sentis que d'une véritable dérive vers un propos métallique trop appuyé.
Album facile d'accès mais nécessitant néanmoins une attention certaine pour en suivre tous les contours et en apprécier pleinement la richesse, "The Turning Point" consacre pleinement l'évolution tranquille et maîtrisée de Metamorphosis depuis une quinzaine d'années, permettant aux Suisses de tutoyer les sommets d'un néo-progressif intelligent, loin des clichés que d'aucuns associent trop fréquemment à ce genre musical.