Et il est peu de dire que l’effort, l’abnégation et le talent paient. "Aathma" est un palier supplémentaire dans la progression du groupe et surclasse de la tête et des épaules ses prédécesseurs. La musique de Persefone, à la frontière du metal progressif et du death metal mélodique, garde son identité forgée par une technique redoutable mais gagne en fluidité et en émotion.

La messe est dite dès l’entame de l’album avec le titre ‘Prison Skin’ précédé des deux instrumentaux ‘An Infinitesimal Spark’ et ‘One Of  Many’. L’auditeur sait alors qu’il ne sortira pas indemne de l’écoute d’ "Aathma", dont la richesse et l’intensité sont proprement étourdissantes. Claviers aériens, arpèges de piano, riffs metal, alternance de chant growl et de chant clair, ruptures rythmiques, breaks instrumentaux progressifs, solos de guitare shred, arrangements complexes et subtils, la musique de Persefone est un tourbillon mélodique et émotionnel créé par la technique irréprochable de chaque musicien et par un sens éprouvé de la composition.

La grande force de l’album est d’insérer des moments de calme au milieu de la tempête. Ainsi les titres metal progressif (‘No Faced Mindless’, ‘Living Waves’ où Paul Masvidal de Cynic fait une apparition), thrash djent (‘Spiral Within Thy Being’) et death metal (‘Stillness is Timeless’) sont ponctués de pièces instrumentales planantes et atmosphériques (‘Cosmic Walkers’, ‘Vacuum’) qui révèlent tout le lyrisme et la subtilité symphonique de l’opus.

Basé sur des textes interrogeant le rapport de l’individu à l’existence, à la spiritualité et à l’âme comme lien transcendantal entre l’homme et l’univers, l’album se clôt par une pièce musicale dantesque de vingt minutes, ‘Aathma’, divisée en quatre parties, où chaque musicien met son talent au service d’une musique raffinée, équilibre parfait entre brutalité et finesse, jusqu’au final grandiose sublimé par un chant féminin à la beauté presqu’irréelle.