Créé en 2004 sous l’impulsion du guitariste Simon Caron, Red Sand poursuit son bonhomme de chemin loin des modes, en proposant depuis ses débuts une musique néo-retro-progressive, fortement inspirée par le Marillion de l’époque Fish, et IQ, groupes préférés du géniteur du combo québecois. Ce qui n’était au départ qu’un quasi projet solo limite tribute to s’est forgé au fil des ans et des publications une véritable identité. Et c’est ainsi que Red Sand nous revient avec son septième album, le conceptuel "1759" retraçant le siège de la ville de Québec lors de la bataille franco-anglaise pour le contrôle des lieux.
Avec une nouvelle section rythmique, formidablement mise en évidence tout au long des trois compositions, et notamment dans les premiers instants de 'The Last Farewell', le groupe ne se départit pas de ses influences marillionesques : sonorités de claviers, rythmiques impaires, arpèges de guitares, beaucoup d'éléments nous renvoient aux quatre premiers albums du groupe alors mené par Fish, y allant même d'un quasi hommage sur l'introduction de 'My Mind', la mélodie jouée au clavier s'apparentant carrément à 'Chelsea Monday'.
Mais loin de plagier le quintet anglais, Red Sand affirme son style qui serait finalement celui d'une autre époque. Et passé le jeu des comparaisons, l'auditeur finit par se prendre au jeu et se laisse entraîner dans les deux titres à tiroir au sein desquels alternent parties chantées portées par la voix caractéristique de Steff et de nombreux passages instrumentaux. Et ce sont ces derniers qui vont s'avérer les plus intéressants, la guitare de Simon Caron y délivrant de somptueuses mélodies, formidablement bien soutenue par une section rythmique très technique et des claviers toujours judicieux. A ce titre, tout autant que le final de 'My Mind', la troisième partie de 'The Last Farewell' s'avère particulièrement enthousiasmante, les ambiances délivrées collant en outre parfaitement au propos de l'album.
En revanche, je serai moins élogieux pour certaines parties chantées au cours desquelles la voix de Steff peut s'avérer irritante, de même que pour la production qui dans les chorus puissants finit par noyer l'ensemble des protagonistes dans un magma sonore peu digeste.
Sans révolutionner sa musique ni le monde du progressif, Red Sand poursuit son bonhomme de chemin avec honnêteté dans un style qui peut prêter à controverse, mais qui n'est en aucun cas le fruit d'un quelconque opportunisme mais bien d'un amour pour cette musique jadis qualifiée de neo, mais qui rejoint maintenant dans son évaluation celle produite lors de la décennie l'ayant précédée. Il n'empêche que "1759" reste un album digne d'intérêt, dont les quelques faiblesses sont largement compensées par de nombreux moments de bonheur auditif.