Avec "Rockin' All Over The World" (1977) et "If You Can't Stand The Heat..." (1978), Status Quo a confié la production de ces albums à Pip Williams qui leur a concocté un son beaucoup plus pop et commercial. Ce changement de direction n'a pas vraiment été du goût des amateurs du groupe et les ventes ont commencé à s'en ressentir, obtenant ainsi le résultat inverse de celui escompté. Autant dire qu'en voyant les Londoniens confier à nouveau les clés du camion au même producteur, les fans eurent la désagréable impression que leur désaccord n'avait pas été entendu et ils se préparaient à le faire savoir vertement. Quelle fut alors leur surprise à l'écoute de ce "Whatever You Want" aux allures de dernière chance !
En effet, dès les premiers accords du titre éponyme, le miracle se produit : les guitares reprennent le pouvoir en se faisant plus mordantes et la paire Rossi / Parfitt nous offre un des plus gros tubes que le rock ait connu dans son histoire. Les sommets du boogie-hard-rock du quatuor (Andy Bown n'est toujours pas considéré comme un membre à part entière du groupe) sont atteints avec ce riff imparable et ce refrain accrocheur. A quelques exceptions près, la suite se révèle du même acabit et replace le Quo sur son piédestal pour son douzième album. L'énergique 'Shady Lady' enchaîne parfaitement et confirme un début d'album irrésistible complété par un 'Who Asked You ?' plus mid-tempo mais pas moins accrocheur. Restant dans la veine de ce que le groupe fait de plus classique, 'Runaway' reprend le flambeau en fin d'album au milieu de titres plus variés.
Sans révolutionner son identité, Status Quo nous délivre quelques légères surprises avec la ballade popisante 'Living On An Island' aux accents frais et ensoleillés dignes de The Eagles. Suivent les jumeaux 'Come Rock With Me' et 'Rockin' On' qui s'enchaînent sans temps mort en utilisant la même ligne directrice. Le premier se fait plus lourd alors que son petit frère revient vers un boogie plus classique en modifiant la mélodie tout en s'appuyant sur un riff équivalent mais plus rapide. L'ensemble prend fin avec un 'Breaking Away' variant les tempi et les ambiances sur plus de six minutes. Dommage qu'entre-temps, le rock'n'roll old-school de 'Your Smiling Face' et le non moins old-school mais plus hard 'High Flyer' se révèlent être un cran en-dessous du reste. Sans cela, les Anglais tenaient là l'album parfait.
Les craintes suscitées par le renouvellement de Pip Williams aux manettes se révèlent finalement injustifiées. Les leçons des deux précédents albums ont bien été retenues et, sans se scléroser, Status Quo revient aux valeurs qui ont fait sa réputation. "Whatever You Want" va marquer l'histoire du Rock, en particulier avec son titre éponyme. Il relance également la carrière d'un groupe qui n'a pas fini de transmettre son énergie enthousiasmante au travers de ce boogie-hard-rock si typique.